Page:La Nouvelle Revue - 1899 - tome 117.djvu/651

Cette page a été validée par deux contributeurs.
654
LA NOUVELLE REVUE

de vous avoir ici et à présent vous me manquez beaucoup. Mais je veux votre bonheur et ne devais pas le compromettre à la légère. Mes parents et Ada vous envoient leurs meilleurs souvenirs. Que Dieu vous protège. Écrivez-moi souvent et croyez-moi toujours. »

« Votre affectionnée, »
« Mary. »

Le marquis de Crussène se rappela le soir d’automne où dans sa chambre de l’hôtel Normandy il avait décacheté la lettre de sa mère. Il se rappela la sensation de malaise et d’incertitude qui s’était emparée de lui après l’avoir lue. Était-il possible que trois mois à peine se fussent écoulés depuis lors ? En vérité il croyait avoir vécu toute une vie… Il regarda le portrait de Mary qu’il avait posé devant lui pendant sa lecture. Mary lui souriait. Il s’assit, prit une plume et écrivit :


« Cher monsieur Vilaret, »

« Après y avoir réfléchi, je me rends à vos raisons et j’accepte de prendre ici votre succession politique. Mon programme sera le même avec les quelques restrictions que je vous ai indiquées. Je vous prie de garder le secret jusqu’à nouvel ordre. Nous nous reverrons à Paris bientôt et nous entendrons sur divers points de détails. Je vous remercie à nouveau d’avoir pensé à moi et vous serre la main très cordialement. »

Et il signa : Crussène.