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chronique politique

par l’adjonction des voix de la droite aux voix de l’extrême gauche et de l’Uiiion républicaine. 125 voix de droite se sont unies à 177 voix des fractions avancées de la gauche pour mettre le ministère en minorité sur l’article 4. Personne ne croira que c’est par amour de la liberté et par le désir d’assurer le large exercice du droit de réunion que les droites ont voté pour le projet de la commission.

Il y a là simplement une manœuvre très naturelle et à laquelle il fallait s’attendre, manœuvre qui se reproduira dans toute occasion propice. Que veulent les droites ? Elles veulent créer des embarras à la République. Elles veulent pousser à une succession de crises ministérielles, afin d’amener le pays à douter de l’efficacité des institutions républicaines. C’est dans ce but qu’elles votent et qu’elles voteront toujours, indépendamment de la question traitée et de leur propre opinion, contre le gouvernement. Elles voteront avec la gauche avancée, avec les radicaux les plus extrêmes ; elles voteraient même au besoin avec les anciens membres de la Commune, si elles y voyaient un moyen de porter un coup à un ministère républicain. Là est la grosse difficulté de la situation parlementaire. Il y a, à la Chambre, une opposition anti-constitutionnelle de 130 voix qui, en se portant tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, peut rendre impossible tout gouvernement, à moins que les républicains ne sachent se résoudre à ne pas se diviser et former, même au prix de quelques sacrifices, une compacte majorité ministérielle.

La discussion sur le droit de réunion a commencé par l’examen d’un contre-projet de M. Louis Blanc. Ce contre-projet consistait à réunir en une seule loi le droit de réunion et le droit d’association et à établir pour l’exercice de ces deux droits une liberté absolue.

M. Louis Blanc a défendu sa proposition avec un très grand talent. Il a prononcé à cette occasion un de ses meilleurs discours ; mais son contre-projet, qui offrait de nombreux inconvénients et qui, s’il eût été adopté, aurait pu amener un ajournement indéfini de la loi sur le droit de réunion, a été combattu même par des membres de l’extrême gauche, entre autres par