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servatrice. Nous connaissons par expérience l’impuissance de ces coalitions entre des hommes et des partis qui ne peuvent s’accorder que sur des négations et qui se déchirent dès qu’il s’agit de la moindre affirmation, ne fut-ce que l’affirmation d’une candidature. Ces hommes et ces partis, loin de se fortifier en se rapprochant, ne font que s’affaiblir par leur contact ; car, forcés de mélanger leurs drapeaux, ils ne permettent plus qu’on en distingue aucun. En vérité, on se demande ce que le parti du comte de Chambord peut gagner à marcher de concert avec le parti du prince Napoléon. Quant aux orléanistes, on comprend mieux qu’ils recherchent les coalitions hybrides. Cela rentre dans leur tempérament politique ; puis, n’ayant, ni dans le pays ni dans le Parlement, aucune force par eux-mêmes, ils ne peuvent prétendre à une action quelconque qu’en subissant tous les alliés qui veulent bien les accepter. On sait, toutefois, où ce jeu, si longtemps joué par M. de Broglie, a mené le centre droit : à l’anéantissement le plus complet dans lequel soit jamais tombé parti politique. Il est douteux que ce soit la constitution du comité des douze qui lui rende la force et la considération que tant de fautes et tant de petitesses lui ont fait perdre.

À propos de cet effondrement des partis monarchiques, de plus en plus dévoyés, on peut signaler les tristes mésaventures du parti bonapartiste pendant la quinzaine dernière. Les chefs les plus notables de ce parti en sont venus publiquement entre eux à de véritables gourmades. Contrairement au sage précepte de Napoléon Ier, à savoir qu’il faut laver son linge sale en famille, ils ont fait leur lessive au grand jour et en public. Et quelle lessive ! C’était à faire détourner la tète aux gens les moins délicats. Tout ce tapage et ces échanges d’injures sont venus à l’occasion des messes bonapartistes dites à Saint-Augustin et à Saint-Philippe du Roule pour le repos de l’âme de Napoléon III. À la première de ces messes ont assisté le prince Jérôme et M. Paul de Cassagnac. Ces deux personnes ne sont pas, on le sait, en très bons termes, M. de Cassagnac n’ayant pas encore fait acte de soumission au prince. À l’église, tout s’est à peu près bien passé. Une fois la messe dite, l’héritier du trône impérial est sorti discrètement par une porte de derrière : il est monté