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signé la proposition, a-t-il dit à ses collègues de l’Union, mais je ne me dissimule pas que, si elle est acceptée, c’est l’ouverture d’une crise. » On ne pouvait voir plus juste. Seulement, M. Floquet aurait été plus dans la logique de sa propre pensée en ne donnant pas son adhésion à un projet dont il prévoyait avec tant de sens les fâcheuses conséquences. Quoi qu’il en soit, une proposition ainsi appréciée par ceux-mèmes qui la mettaient en avant n’avait pas grande chance d’être accueillie, et en effet la gauche républicaine ne l’a même pas discutée. Toutefois ce groupe qui, l’année dernière, avait décidé qu’il n’admettrait aucun membre faisant partie d’un autre groupe, est revenu sur cette décision. Désormais, les membres de la gauche pourront faire partie d’une autre réunion et réciproquement les membres des autres réunions pourront se faire inscrire à la gauche. La réouverture de la gauche républicaine est l’unique résultat de tant d’allées et de venues, de propositions, de résolutions de nos parlementaires pendant les huit ou dix jours qui ont suivi la lecture de la déclaration. Je ne pense point que ce soit ici le cas de redire : Beaucoup de bruit pour rien ! Mais on ne saurait donner absolument tort à ceux qui prétendent que c’est beaucoup de bruit pour peu de chose.

Donc, après nombre de délibérations, de projets et de contreprojets, on est arrivé à laisser la majorité se constituer elle-même par l’adhésion, dans une plus ou moins grande proportion, des membres des divers groupes de gauche au programme ministériel.

Cette majorité se formera-t-elle ? Sera-t-elle plus compacte, plus résistante que celle qui a laissé choir le cabinet Waddington ? Jusqu’à présent, on a tout lieu de l’espérer, malgré l’opposition de M. Clémenceau, lequel persiste à vouloir faire un ministère Gambetta, en dépit de M. Gambetta lui-même. Cependant on entrevoit quelques pierres d’achoppement. Je mentionnais plus haut les projets de loi apportés par M. Jules Ferry, sur l’instruction primaire et par M. Cazot sur la réorganisation de la magistrature.

Ces projets pourront donner lieu à un désaccord entre la majorité et le gouvernement. Pour ce qui est de l’instruction pri-