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céder est tout à fait dans le caractère de M. Gambetta, qui ne sera jamais l’homme des démissions. M. Gambetta peut se trouver un jour dans une situation difficile, mais je doute que ce soit par une démission qu’il cherche à sortir d’embarras. Ce n’est point là sa manière.

Je passe sous silence les quelques incidents qui ont retardé d’un jour, au Sénat, la constitution des bureaux : incidents qui ont été le fait des droites et auxquels on ne saurait attacher grande importance. Je laisse également de côté, comme chose n’offrant qu’un intérêt très secondaire, l’interpellation faite, à la Chambre, par M. Baudry d’Asson, au sujet de la révocation des maires de la Vendée. À cette occasion, le fougueux député vendéen s’est surpassé en fait de tenue anti-parlementaire, si bien que, sur la proposition du président, la Chambre lui a appliqué là peine de la censure. C’est tout le bénéfice que M. Baudry d’Asson a retiré de son interpellation, sur laquelle l’ordre du jour pur et simple a été voté à une immense majorité.

Les deux premières séances ayant été prises par la constitution du bureau de la Chambre et du Sénat, c’est seulement le vendredi, 16, que M. de Freycinet a pu donner lecture de la déclaration gouvernementale, si impatiemment attendue depuis quelques jours. Dans les trois premiers paragraphes de ce document, le ministère s’est attaché d’abord à bien préciser la signification du mouvement ministériel qui venait de s’opérer : continuation d’une politique prudente et mesurée, maintien des rapports existant entre les diverses fractions de la majorité, marche plus rapide et plus accentuée dans la voie des réformes, telles sont les trois indications qui forment dans ces déclarations comme , le tracé de la ligne générale de la politique du cabinet. Cette politique ne se sépare pas, sur le fond même des choses, de celle du précédent ministère. Elle ne vise pas à déplacer la majorité ; elle tend seulement à l’élargir, par l’adjonction de cette fraction de la gauche qui s’était mise en opposition avec le cabinet Waddington parce qu’elle le trouvait trop hésitant et trop peu résolu à marcher avec décision. Retenir le centre gauche et ramener l’union républicaine, voilà certainement ce qu’a cherché le nouveau gouvernement par la rédaction, fort