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chronique politique

gauche avait quatre sièges ; on n’a plus voulu lui en concéder que deux. Le centre gauche a résisté, mais finalement il a été battu. Cette petite lutte, qui avait son intérêt, puisqu’elle se rattachait à une nouvelle organisation de la majorité, a pris deux jours. Quant à la présidence de la Chambre, aucun conflit ne pouvait surgir. M. Gambetta n’avait point et ne pouvait avoir de concurrent. Son élection était certaine. Cependant, après avoir été élu l’année précédente par 314 voix, il n’en a obtenu, cette fois, que 239. On a voulu attacher une sérieuse importance à cette diminution dans le chiffre des suffrages donnés au chef de la majorité. On a voulu y voir un abaissement de son influence et comme un commencement d’hostilité d’une partie de la gauche à son égard. Rien de vrai en cela. Si M. Gambetta a été élu, cette année, par une majorité relativement faible, cela tient uniquement à ce que plus de cent députés étaient absents au moment du vote. D’habitude, la première séance est exclusivement consacrée à la formalité du tirage au sort des bureaux, et beaucoup de députés croient pouvoir se dispenser de venir. Cette année, M. Gambetta, dans le but très louable de gagner du temps, a voulu faire procéder immédiatement à l’élection du président et des vice-présidents, çe qui a eu pour résultat une diminution assez notable dans le nombre des votants. On peut compter que, sur les 120 députés absents le jour de la rentrée, 60 auraient voté pour M. Gambetta, lequel se serait trouvé avoir ainsi, approxi-, mativement, le même chiffre de voix qu’à sa première élection. Il n’y a donc aucune conséquence à tirer, au point de vue de la situation parlementaire du président de la Chambre, du scrutin du 13 janvier. Le bruit s’est répandu un instant que M. Gambetta allait donner sa démission afin de se faire réélire dans des conditions plus favorables. Sur les boulevards on a même entendu dès vendeurs de journaux crier : « La démission de M. Gambetta. » Aussi celui-ci a-t-il cru devoir couper court, sur ce point, à toutes les fausses suppositions, et bien que l’usage veuille que le président nouvellement élu ne prenne possession du fauteuil que lorsque le bureau est entièrement nommé, il est allé, dès le lendemain, et lorsque les secrétaires et les questeurs étaient encore à élire, présider la Chambre. Cette façon de pro-