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la nouvelle revue

M. Saracco a nié l’existence des excédents et il est bien difficile d’éclairer des aveugles qui ne veulent jamais voir.

M. Seismit-Doda trouve 60 millions d’excédent. Ceci est trop, et qui prouve trop ne prouve rien. M. Magliani en trouve véritablement 12. M. Grimaldi découvre 7 millions de déficit. Voilà trois ministres des finances, tous trois, hélas ! de la gauche, qui ont donné bien des prétextes au Sénat pour repousser l’abolition de l’impôt sur la mouture jusqu’à ce que la question financière soit éclaircie.

Le Sénat veut user l’autorité de là gauche sur le pays. Ce n’est guère le rôle d’une Chambre haute, de faire de l’opposition à outrance, et cela diminue singulièrement sa dignité. Mais voilà un mot prononcé bien imprudemment à propos des Chambres italiennes. Les chicanes du Sénat manquent de dignité, oui, puisque c’est uniquement parce que l’abolition de l’impôt sur la mouture est inscrite au programme de la gauche qu’il refuse de la voter. L’intérêt du pays, le respect du régime parlementaire, vains mots que cela pour la droite.

Mais la gauche, qui règne à la Chambre basse, à-t-elle plus de dignité, plus de souci des intérêts du pays ? Nous avons le regret, pour nos amis, de répondre non. Les députés accusés à Naples par MM. Minghetti, Sella, Visconti-Venosta ne prennent pas même la peine de se réunir pour se défendre, ou celle de s’unir pour s’entendre. Pris d’une apathie coupable, les uns se désaffectionnent de leur cause, les autres se reposent sur leur victoire, et la droite prétend que, seuls, ceux qui exploitent le régime parlementaire montrent dans la gauche quelque activité.

Ne serait-il pas temps de reprendre goût à la vie parlementaire, d’étudier la cause et de remédier au mal qui éloigne du gouvernement un parti gouvernemental ? Est-ce la gratuité du mandat de député qui retient loin de Rome la plupart des mandataires ? Qu’on y mette ordre, car c’est un véritable chagrin pour les amis de la Chambre italienne, et ce doit être un grand sujet d’irritation pour le pays, que de lire sans cesse dans les comptes rendus une formule trop invariable : « La Chambre n’était pas en nombre pour délibérer valablement. »

Le Parlement est prorogé ; la clôture de la session viendra