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toute soumission, que, depuis quelques semaines, tous les chefs insurgés sont rentrés en campagne et se sont donné rendez-vous à Ghuzni : Mir-Batcha, Mahomed-Djan, le chef de la tribu des Lughmanis, et Mahomed-Assan, l’ex-gouverneur de Djellalabad.

Le cabinet anglais va donc se présenter devant le Parlement la tête un peu basse. Ces échecs dans les guerres aventureuses sont singulièrement favorables à l’école de Manchester. Aussi, dans le meeting conservateur tenu à Nottingham, lord Bury a-t-il eu raison de dire aux électeurs : « Qui voulez-vous de Beaconsfîeld ou de Gladstone ? »

M. Bright, à Birmingham, a paraphrasé la formule : « Qui se sert de l’épée périra par l’épée », en disant, aux applaudissements frénétiques de la jeune association libérale : « Il n’y a pas de politique de guerre qui n’emporte sa punition. » ,

On a trouvé inopportune en Europe la lettre de M. Gladstone sur le désarmement. Jamais acte ne fut plus logique et ne révéla de plus hautes vues sur la lutte à soutenir. L’amie du cabinet Beaconsfield, la puissance dont les alliances sont annoncées à l’Angleterre comme « la bonne nouvelle », celle qui base son système d’équilibre européen sur l’accord avec l’Angleterre guerroyé use, l’Allemagne, puisqu’il faut l’appeler par son nom, arme, etne cesse d’armer ; les amis passionnés delapaix,comme M. Gladstone, doiventpousser leurs arguments jusqu’au paradoxe et prêcher le désarmement.

Le système de M. de Bismarck, c’est la guerre. Ce qu’il réclame de ses gouvernés, de ses alliés, ce qu’il impose à ses adversaires, c’est l’augmentation des effectifs. Et si, faisant cela au grand jour, le prince chancelier se croit le droit, à l’occasion, de parler de désarmement, quelle n’est pas l’autorité de M. Gladstone, en cette matière, et quel devoir n’a-t-il pas, lui, d’enparler ? Ce serait un grand appoint en faveur de la paix européenne que l’arrivée du parti libéral au pouvoir, en Angleterre. La guerre de L’Inde serait vite close et tous les différends avec la Russie tranquillisée, vite réglés. L’Asie, au lieu d’être un champ de bataille entre les deux puissances, serait un champ d’action.

Le cabinet Beaconsfîeld est atteint. Il ira de fautes commises en fautes punies, d’abus en défaites, et les évènements accroîtront