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lettres sur la politique extérieure

des remerciements, en personne, dans une ville où il ne devait reparaître qu’après avoir obtenu satisfaction ? Quoi qu’il en ait été, nous, n’éprouvons aucune inquiétude, sachant que notre ministre de la marine n’est point fait pour amener le pavillon français devant une injure.


V

D’après sir Stafford Northcote lui-même, la situation des partis en Angleterre est très grave, parce qu’elle les force à mettre le pays en demeure, lors des prochaines élections, de rendre un jugement définitif sur la politique extérieure.

Le 5 février, le Parlement anglais se réunira en session ordinaire, mais nous ne croyons pas qu’il y soit question de la loi sur les faillites et sur la réforme électorale, autrement qu’en ce qui paraîtra une allusion au cabinet Disraeli. Dans ce cas, la faillite et la réforme seront sûrement acclamées. Rien de sérieux ne peut être traité durant cette session, car le parti libéral cherchera tous les prétextes pour obliger le gouvernement à la dissolution.

Le Foreign Office prépare sa politique extérieure au choc des attaques, et il est si passionnément engagé dans la lutte à l’intérieur, qu’il préfère subir des humiliations au dehors.

M. Layard, après un nouvel emportement, a cédé au calme du Sultan qui refusait de lui accorder la destitution du préfet de police Ilafiz-Pacha, et il a soulevé, pour couvrir sa retraite, une question de droit international qui ressemble à ce couteau célèbre, dont on a renouvelé la lame et le manche.

En Afghanistan, la fameuse victoire du 24 décembre n’a pas tenu ses promesses. Le général Baker, dans le Konistan, ne s’est emparé que d’un fort démantelé. Sa retraite, et celle du général Roberts vers Djellalabad, l’abandon de Caboul, remettent la question afghane en l’état où elle était à la mort du major Cavagnari.

Le prétexte du Foreign Office pour retirer ses troupes de Caboul, pour laisser les Afghans se choisir un émir, a été bien vite jugé, puisque Moussa-Khan, fils aîné de Yacoub-Khan, avait été proclamé émir à Ghuzni à la place de son père.

Le général-Roberts, par sa dureté, avait si bien découragé