Page:La Nouvelle Revue, volume 2 (janvier-février 1880).djvu/686

Cette page n’a pas encore été corrigée
688
la nouvelle revue

À propos de toutes ces questions de prosélytisme et de ce qui se passe en Arménie, où s’exercent les orthodoxes anglais et américains, lesquels n’ont pas grande influence au milieu d’une population grégorienne éclairée, n’est-il pas regrettable que nos idées ne soient représentées que par des jésuites, et que les Arméniens, qui ne demandent qu’à nous admirer, nous qui pourrions leur apporter la lumière et la science, ne nous voient qu’à travers des doctrines enténébrées ?

Les Monténégrins ont cessé de se battre. Ils recommenceront au printemps, car c’est un besoin de leur nature, et leur distraction favorite, aux premières douceurs du ciel, est de se livrer au jeu cruel de la guerre.

La Porte se défend du reproche que lui adresse le Monténégro, d’encourager la résistance des Albanais à la volonté des puissances. Elle réclame d’une part contre des accusations qui, lancées par le Monténégro, sont en même temps exploitées par lui pour mettre sous séquestre les biens des musulmans. D’autre part, le divan s’inscrit contre le gouvernement du prince Nicolas qui, refusant d’accepter le district deKeuï-Krania comme échange avec Gussinjé, en a pris possession sans aucun droit présent ou futur.

Mouktar-Pacha, du camp de Rosalit, placé au centre des voies qui débouchent sur Pridzend, a empêché les bandes albanaises de se réunir à Gussinjé ; il les a dispersées et leur a persuadé de rentrer dans leurs foyers. Plusieurs des chefs de ces bandes sont revenus pour se concerter à Pridzend, et sont allés ensuite s’entretenir avec le ghazi Mouktar dans son camp de Rosalit. Celui-ci les a prêchés et a obtenu d’eux qu’ils obéissent au Sultan et lui épargnent les complications amenées par leur soulèvement. Et, de même que les Monténégrins, la ligue albanaise remet à la première verdure la reprise des hostilités.

L’incident d’Alexandrette est certainement beaucoup moins grave qu’on ne l’avait cru d’abord. Sans quoi, comment expliquer la démarche du commandant du Latouche-Tréville qui, au lieu d’attendre à bord la réparation de l’outrage fait à la France, est allé, le lendemain d’une rixe sanglante entre.ses matelots sans armes et des fanatiques armés, porter, des excuses et faire