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lettres sur la politique extérieure

de Xavier Branicki : les Nationalités slaves. « Comme son oncle Alexandre Ier, l’empereur actuellement régnant est doué d’un esprit libéral, mais il est très impressionnable. Toutes les fois que les évènements prennent une tournure différente de celle qu’il espérait, il se décourage, il doute de lui-même. Pilote auquel il faut une mer calme et un horizon sans nuage, il abandonne facilement le gouvernail dès que le flot se soulève et que le ciel s’assombrit. »

Souhaitons que le tzar Alexandre ne se laisse pas arracher le gouvernail dans la tempête. On peut naviguer pendant l’orage, et celui qui conduit au port le vaisseau de l’État au milieu des éléments déchaînés est ou un vrai marin ou un vrai gouvernant.


IV

Lé Sultan a-t-il considéré les notes de M. Layard comme un affront pour son préfet de police et a-t-il voulu l’en consoler ou l’en venger en lui donnant le grand cordon de l’ordre du Medjidié ? Est-ce parce que Saïd-Pacha, non sans bravoure, a résisté aux intimidations de sir Austin qu’il a reçu la décoration de l’ordre du Mérite ?

D’une affaire religieuse, l’ambassadeur anglais, avec cette facilité d’évolution qu’encourage le Foreign Office, a fait tout à coup une affaire de droit international. Il faut des succès au gouvernement de lord Beaconsfleld, et, quand les évènements ne s’y prêtent pas, il se prête aux évènements. Il ne s’agit plus d’Ahmed-Tewfik, lequel n’a pas même été converti par la bible qu’il a traduite. On n’a plus à sauvegarder le prosélytisme religieux, lequel, paraît-il, après le bruit des papiers du docteur Kœhler, attirait un peu trop l’attention ; il s’agit maintenant de protéger les droits internationaux et d’empêcher qu’un étranger, quel qu’il soit, puisse être arrêté, sous la seule réserve par le gouvernement de la Porte d’avoir à prévenir son ambassadeur ou son consul dans les vingt-quatre heures. Sur ce, l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie, la - Perse appuient la réclamation de M. Layard.