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lettres sur la politique extérieure

a su faire comprendre aux cours de Russie et d’Autriche que, pour résoudre la question d’Orient, une entente est nécessaire entre les trois empereurs, trompant ainsi d’une part le ; prince Gortschakoff et l’empereur Alexandre, et d’autre part Andrassy et l’empereur François-Joseph. Il semble qu’à ce moment, connaissant les habitudes de langage de l’homme de Varzin, on l’entende s’écrier ce mot répété : « Les voilà tous dedans, et la France dans le sac. »

Mais au premier indice d’une attaque contre la France, un vieux diplomate déjà soupçonneux, sinon éclairé, le.prince Gôrtschakoff, avertit l’Europe, et, avec l’Autriche, avec l’Angleterre, coupables comme la Russie d’avoir laissé grandir en Europe la dictature prussienne, tous déclarent à M. de Bismarck que c’est assez, peut-être trop !

L’homme fourbe,voyant ses calculs déjoués, s’emporte, s’écrie qu’une autre fois on ne saura qu’il fait la guerre à la France que quand on entendra le canon en Champagne, et il ajoute en parlant de l’Autriche et de la Russie : « Ah ! vous voulez vous mêler de mes affaires, eh bien ! je vais vous donner de l’ouvrage. » La question d’Orient, latente jusque-là, surgit tout à coup. Le comité slave, instrument inconscient de l’ennemi et qui se croit mû par son patriotismeoblige l’empereur à faire : la guerre. L’armée russe, en pleine réorganisation, est jetée sans ordre à la frontière, et subit un échec devant la bravoure de l’armée turque en Asie et en Europe.

On se rappelle les lamentations hypocrites envoyées par dépêche de Berlin à Saint-Pétersbourg après chaque défaite, les félicitations pompeuses après chaque victoire ; M. de Bismarck plein de rodomontades et criant haut que, si l’on touche à la Russie, il en sera le gendarme.

L’armée russe bat l’armée turque et se présente devant Constantinople. Nous apprenons la paix de San Stefano. Certes, les articles du traité ne devaient pas contenir la moitié des promesses faites et des visions montrées par Méphistophélès Bismarck à Potsdam et à Saint-Pétersbourg : on l’a dit et nous le croyons.

Cependant, tout à coup, la scène change, le gendarme se re-