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lettres sur la politique extérieure

du Schleswig, conseillé à l’Italie d’en prendre en Vénétie, conseillé à la France d’en prendre en Belgique et dans le Luxembourg.

Il est curieux ici de se rappeler un article dont nous ne publierons que les traits principaux, qui fit il y a douze ans un si grand effet et qui semble aujourd’hui une actualité :

« Supplément au no 1494 de la Nouvelle Presse libre, mardi 27 octobre 1868, correspondance particulière de Francfort : Projets russo-prussiens.

« Soyez convaincu que l’essence de mon récit est la pure vérité.

« Personne ne doute que, dans l’alliance de Guillaume l’aigle et de son neveu, les intérêts de la civilisation n’aient été sacrifiés. Un morcellement a été stipulé et les souverains se sont octroyés 1,000 milles carrés de territoire.

« Il a été question à Potsdam de l’Adriatique, adjugée cependant autrefois à l’Italie, par la fameuse instruction que l’on sait. Le roi aigle manifesta le désir d’avoir un port au midi de l’Europe, chose que le tzar trouva toute naturelle, et d’autant plus facile que, pour lui, il ne demandait du littoral adriatique que la bande qui s’étend de Fiume à Cattaro. Quant à Trieste et à l’Istrie, on les céderait de grand cœur à la Prusse, appelée Allemagne par euphémisme. ’

« Mais comment alors satisfaire l’Italie, ce très précieux compagnon ? Ce n’est pas difficile. On lui donnera Rome et le Trentin. Les deux aigles se soucient comme d’un fétu du pape et du pouvoir temporel, et l’aigle noir a été assez bon pour céder le Trentin exactement comme s’il en était le maître. Il ne s’est réservé à lui que la ligne frontière du Brenner, et, pour avoir toutes ses sûretés, celle aussi du Saint-Gothard.

« La Suisse sera donc surveillée par l’avant-garde prussienne, de Bâle à Schaffouse et par l’arrière-garde de la même Prusse au Saint-Gothard.

« Pour le parti d’action italien, si tant est qu’il existe encore quelque chose de semblable, il se verra cerné du Saint-Gothard, — c’est-à-dire du Tessin, — jusqu’à Cattaro, chassé à coups de bottes et dispersé à la moindre occasion pouvant servir de prétexte.