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d’insurrection hongroise, de se tenir en paix chez elle, sans quoi elle la laisse seule aux prises avec l’Autriche.

Avant que l’Autriche, foudroyée, se secoue et se souvienne de ses petits alliés, les États confédérés, M. de Bismarck leur prouve qu’elle les a oubliés ; il exige d’eux qu’ils fassent alliance avec la Prusse, sous peine d’être écrasés par l’armée victorieuse, et, lorsque l’Autriche se souvient et réclame, M. de Bismarck répond : « Vous me parlez d’alliés ! ce ne sont plus les vôtres, ce sont les miens ! »

Aussitôt, à ces alliés, il enjoint de forger eux-mêmes des armes pour se combattre. Tous reçoivent l’ordre impératif de se soumettre à l’organisation militaire prussienne sous le commandement des officiers prussiens, obligés qu’ils sont de subir, non une conquête, mais une fourberie, et plus vaincus par une alliance que l’Autriche ne l’a été par une défaite.

1867 vient étonner l’Europe avec la question du Luxembourg et faire comprendre à la France ce qu’est, dans l’esprit de M. de Bismarck, la formule d’ordinaire si simple : Promettre et tenir ! Loyalement, honnêtement, pour tout le monde, c’est une seule et même chose. Pour l’homme fatal, pour le fourbe, ce sont deux choses différentes.

La force militaire des petits États annexés ou confédérés croissant de jour en jour, M. de Bismarck voulut resserrer leur union par la haine et la perspective d’une guerre contre la France. Qu’importaient au fourbe ses engagements !

Fidèle à son procédé unique il commença son travail d’isolement de la France comme il avait fait pour l’Autriche, par les mêmes moyens, ne négligeant pas non plus les troubles intérieurs. Nous en avons eu la preuve nous-mêmes avec les séparatistes de Nice, par la propagande des socialistes de Saxe, par les encouragements donnés aux internationalistes de France et à ceux de l’Italie.

Chez nos voisins il entretenait l’agitation contre nous, dans le parti d’action^ irrité alors contre la France à propos de Rome et du Trentin.

À la Russie il conseillait de prendre en Orient des terres comme il avait conseillé à l’Autriche d’en prendre dans la guerre