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LETTRES
SUR
LA POLITIQUE EXTÉRIEURE

Il y avait autrefois un art de gouverner les hommes. Il n’y a plus aujourd’hui, avec M. de Bismarck, qu’un procédé pour les conduire : procédé vulgaire, souverainement dédaigneux dans son uniformité. Mensonges faits, engagements pris, menaces répandues, éléments perturbateurs maniés, rivalités créées, entretenues, exploitées, voilà ce à quoi, tour à tour, chaque nation de l’Europe ou se laisse prendre ou se heurte, dans tous ses actes, au dedans ou au dehors, quand M. de Bismarck ou la vise ou la protège.

L’homme fatal poursuit son œuvre de guerre par des moyens toujours identiques, toujours trompeurs, et, chose incroyable, provoquant les mêmes surprises et rencontrant la même crédulité.

Si une lettre de quinzaine, trop pressante, n’obligeait l’esprit à retourner trop vite au milieu des faits accomplis, et à revenir trop hâtivement parmi les faits actuels, qu’il nous serait facile d’éclairer l’esprit public européen avec des lumières amassées !

Pourquoi ne pas tenter, à l’aide d’arguments jetés pêle-mêle, un effet immédiat ? Une preuve est irréfutable au fond avant de l’être dans la forme, et sa brutalité même peut frapper l’esprit plus fortement lorsqu’elle est rude que lorsqu’elle est adoucie. D’ailleurs une attaque, non préparée, est au moins courageuse, et elle est assez française pour que nous la commencions.

Nous ne jugerons, pour être modérés, le prince-chancelier