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un monument à paul de flotte en italie

elle professe au plus haut degré, par tradition et par nature, le culte des grands hommes et l’adoration des martyrs, des siens et aussi des étrangers.

L’Italie a officiellement élevé un monument à l’armée française qui concourut héroïquement à son indépendance et à son relèvement par les célèbres journées de Magenta et de Solférino. Il était juste qu’une manifestation spontanée des citoyens rendit hommage à l’héroïsme des volontaires français accourus à l’aide de nos volontaires. Nulle figure n’en était plus digne que la pure figure de de Flotte.

Aussi la résolution vient-elle d’être adoptée d’élever un monument à Paul de Flotte, à Bagnara, où il mourut pour l’indépendance, la liberté et l’unité de l’Italie.

L’initiative en est prise par les membres les plus influents de la Gauche des deux branches de notre Parlement, sous la présidence honoraire du général Garibaldi, sous la présidence effective de M. Crispi et avec l’intervention des députés de la Calabre et du maire de Bagnara.

Si le meilleur ciment de la fraternité des peuples est le sang que leurs fils versent ensemble pour la liberté, la commémoration de l’héroïsme d’hier est la plus efficace préparation à l’héroïsme de demain.

Or, il est incontestable, d’une part, que la France et l’Italie n’ont jamais eu autant besoin l’une de l’autre qu’à l’heure actuelle ; l’état du monde, non moins que leur origine, leur génie et leur mission, fait de leur intimité une loi impérieuse ; autrement leur existence peut, d’un moment à l’autre, être en péril et, avec elle, se trouveraient compromis la liberté des autres peuples et l’avenir même de la civilisation. Il est évident, d’autre part, que l’héroïsme est la pierre angulaire de l’indépendance nationale, selon le magnifique rappel qu’en faisait à ses volontaires Nino Bixio, quand, la veille du passage de Sicile en Calabre, il leur remémorait les enseignements de l’histoire : en 1792, les volontaires français, sans expérience militaire mais pleins de l’amour de la patrie, triomphant de la coalition austro-prusso-russe ; en 1810, les meilleures troupes de Napoléon succombant devant le fanatisme patriotique des paysans espagnols ; en 1813,