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En même temps, par une pensée délicate, il rendait hommage aux soldats napolitains contre lesquels il avait dû combattre, en disant que leur courage montrait ce que pourrait l’Italie quand tous ses fils seraient réunis sous un même drapeau.

Dans les Mille il y avait des Italiens de toutes les provinces, dont un dixième de Napolitains. Il en est plus d’un dont le nom était déjà ou est devenu illustre dans l’histoire de l’Italie, tels que Joseph Sirtori et Nino Bixio, tels que les frères Benedict et Henri Cairoli, et le fils de Manin, l’ancien dictateur de Venise, et Nullo qui, trois ans plus tard, alla mourir en Pologne, et bien d’autres encore. Parmi ceux qui vinrent rejoindre Garibaldi avec de nouveaux détachements, il y avait et Medici, et Cosenz, et Fabrizzi, etc.

Au nombre des étrangers, il y eut dès la première heure deux Hongrois : Étienne Türr, qui reçut de Garibaldi le grade de général et, du roi, le titre de citoyen italien, et Tukéry, qui mourut le 10 juin de ses blessures, à Palerme. Il y eut aussi plus tard des Polonais, entre autres le général Milbitz, qui se distingua à Santa-Maria, près Capoue. Outre la légion hongroise, il y eut une légion anglaise, et aussi un noyau de légion française que commandait Paul de Flotte.

Dès qu’il avait su le départ de la merveilleuse expédition des Mille, Paul de Flotte était accouru à Palerme se mettre à la disposition de Garibaldi. Son arrivée produisit une vive impression, car on savait que de Flotte était un des patriotes français les plus fermes et les plus estimés. Aussi Garibaldi l’accueillit-il avec une cordialité toute fraternelle.

Paul de Flotte était un officier distingué de la marine française. Il avait servi sous les ordres des amiraux Dupetit-Thouars et Dumont d’Urville et pris part aux expéditions scientifiques de la Vénus et de l’Astrolabe. Outre des études spéciales sur le développement de la marine et sur l’emploi des bâtiments à hélice, il s’était adonné à l’examen des questions qui intéressent l’amélioration du sort des classes populaires, se rapprochant surtout des hommes et des doctrines de la Démocratie pacifique. Ayant quitté sa carrière de marin pour s’adonner à la politique, il figura avec éclat dans les premières réunions qui se tinrent à Paris après la