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un monument à paul de flotte en italie

rapidement vos maîtres. Insurgez-vous donc ! Insurgez-vous aujourd’hui, car demain les obstacles seront plus grands. Aujourd’hui, les masses frémissent d’espoir ; demain, elles retomberont dans l’incroyance, énervées et perverties par les artifices incessants de vos ennemis. Insurgez-vous aujourd’hui : une heure d’esclavage endurée avec résignation, quand la victoire est possible, mérite un siècle de tyrannie et d’opprobre au peuple qui l’endure… Fils de l’île héroïque qui dit, il y a onze ans, à ses tyrans : « Nous nous insurgerons tel jour » et qui tint parole, l’heure de votre liberté sonnera le jour où, dans une de vos villes, il y aura ne fût-ce que cent hommes de cœur en armes qui répéteront la parole de vos pères : Traître à la patrie quiconque hésite ! Plutôt la mort que la servitude… Ayez un moment de vie résolue et puissante, vraiment italienne, comme Dieu la créa, et la patrie est à vous. Que Dieu vous bénisse, vous, vos épées, vos affections, votre vie terrestre et vos âmes… »

Mais une première tentative insurrectionnelle de Mazzini, secondé par Crispi, échoua en Sicile, tandis que Garibaldi dut abandonner l’idée de passer la Cattolica.

Nouveau mouvement sicilien en avril 1860, commencé par les vingt-sept patriotes du couvent de la Gancia et qui fut violemment réprimé ; toutefois la cloche de la Gancia n’avait pas été entendue seulement des villages voisins ; elle eut son écho dans l’île entière ; l’Italie et l’Europe s’indignèrent de la fureur des répressions. Le brave Rosolino Pilo alla annoncer aux patriotes siciliens la venue de Garibaldi.

Celui-ci, enfin, crut le moment arrivé de partir pour la Sicile. Crispi, Bertani et Bixio ont devant l’histoire le mérite de l’y avoir plus particulièrement déterminé. Le 5 mai, le grand condottiere de la liberté quittait la rivière de Gênes avec un millier de volontaires.

En partant, Garibaldi écrivait au roi : « Je n’ai point conseillé le mouvement insurrectionnel à mes frères de Sicile mais, du moment qu’ils se sont soulevés au nom de l’unité italienne dont Votre Majesté est la personnification, contre la plus infâme tyrannie de notre époque, je n’ai pas hésité à me mettre à la tête de l’expédition. Je sais bien que je m’embarque dans une