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prendre des informations, étudier le caractère du jeune homme. Nous le connaissons à peine et…

— Mon Dieu ! interrompit-elle avec impatience, n’allons pas chercher midi à quatorze heures. Marianne sait maintenant que, pour beaucoup de raisons, elle n’a point le droit d’être difficile. Mme Laforest nous fournira toute espèce de renseignements. Elle connaît Rambert mieux que nous… et puis ce mariage me convient. Rambert a du talent, un talent selon les formules nouvelles ; il pourra m’être infiniment utile. Que demander de plus ? Tu as de la chance, Marion, dit-elle en me caressant les cheveux, car tu n’étais pas facilement mariable dans le monde où nous vivons.

Piquée, je répondis :

— Pourquoi, marraine ? Il me semble que je ne suis pas faite pour faire peur.

— Si, si, plus que tu ne crois. Tu es hardie, tu parles à tort et à travers, tu n’es pas une beauté et tu n’as ni dot ni famille. Je n’espérais guère te caser, mais je suis contente, très contente. Va dans ta chambre. Nous avons à causer, ton parrain et moi. Ce soir j’écrirai à Mme Laforest et nous verrons bientôt s’il t’aime comme il le dit, ce sournois de Rambert.

(À suivre.)

Marcelle TINAYRE.