Page:La Normandie littéraire, année 15, tomes 7-8, numéros 1 à 11, 1900.djvu/123

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’ABSENCE

La mort avait brisé soudain sa jeune vie,
L’absence auréolait de son divin flambeau,
Celle que j’aimais tant et qui me fut ravie,
Mon cœur était muet comme un vaste tombeau

Du soin de son repos, sans cesse poursuivie,
Mes pensers s’envolaient dans un-monde nouveau,
Je devinais que là, notre âme inassouvie
Jouit en liberté du Bien, du Vrai, du Beau

Et j’étais par mon corps enchaînée à la terre,
Au ciel par mes désirs, et partout le mystère
Suivait mes pas tremblants fatigués du chemin.

Mais un jour j’ai trouvé le consolant dictame
Unissant ses douleurs aux douleurs de mon âme,
Votre douce pitié m’avait tendu la main.



IV

George Sand valait mieux que ses œuvres, trop souvent hardies et curieuses, et il est préférable de la juger, moins d’après ses romans ou ses pièces, que d’après certains livres tels que la Correspondance, l’Histoire de ma Vie, les Lettres d’un Voyageur ; dans ces œuvres plus intimes, on reconnaît non-seulement l’admirable écrivain, mais on devine souvent un grand esprit et un grand cœur.

Ses plus jolies lettres, adressées à Maurice et Solange enfants, sont remplies de mots d’une tendresse ravissante. Si prise de chagrin