Page:La Nature, 1879, S1.djvu/349

Cette page n’a pas encore été corrigée

ni des végétaux ; elles sont composées des mêmes matériaux que ceux-ci, mais ces matériaux n’ont encore acquis ni le mode de groupement, ni les caractères qui les distinguent dans les deux règnes.

On peut en dire tout autant de cette curieuse Labyrinthula macrocystis découverte à Odessa, par Cienkowski, sur des pilotis enfoncés dans la mer. Imaginez une sorte de réseau muqueux, dans lequel peuvent glisser, en tournant sur elles-mêmes, des cellules d’un jaune d’œuf, tantôt isolées, tantôt groupées en amas irréguliers, plus ou moins considérables. Le mode de reproduction et de développement des Labyrinthules est encore peu connu.

Là aussi, la matière verte manque complètement : mais elle manque aussi chez les Myxomycètes, que pendant la plus grande partie de leur existence, on prendrait pour des animaux, et que la considération de leurs organes de reproduction oblige cependant à regarder comme de véritables Champignons.

Fig. 3. — Magosphæra planula, Hæckel. — 1. Phase ovulaire de la Magosphsera — 2. Segmentation de l’œuf à l’intérieur du kyste. — 3. Magosphsera adulte dont la surface est au foyer du microscope. — 4. La même, dont le plan équatorial est mis au foyer du microscope pour montrer la disposition interne des cellules. — 5, 6, 7. Cellules de la Magosphsera après leur isolement, revêtant diverses formes amiboïdes avant de s’enkyster pour passer à l’état d’œuf.


Fig. 4. — MYXOMYCÈTES. — 1. Didymium leucopus pendant sa phase amiboïde. — 2. Sporange fermé d’Arcyria incarnata. — 3. Sporange après l’émission des spores et la sortie du Capillitium encore adhérent aux parois de l’organe.

Le type de ce groupe des Myxomycètes est un organisme qui se développe abondamment pendant l’été sur les amas de copeaux de chêne ou de hêtre désignés par les fabricants de cuir sous le nom de tannée. Cet organisme est lui-même bien connu : c’est le Champignon de la tannée ou la fleur du tan ; les botanistes l’appellent Æthalium septicum. Il forme des masses muqueuses orangées d’un assez grand volume, et que l’on voit émettre de toutes parts des prolongements analogues aux pseudopodes des amibes ; ces prolongements sont aptes à se souder entre eux de manière que la masse entière a souvent une apparence réticulée semblable à celle dont le Bathybius nous a déjà fourni un exemple. Grâce à ses mouvements protoplasmiques, cette masse se déplace assez rapidement, elle englobe des matières étrangères, les dissout et se nourrit par conséquent tout à fait à la façon d’un animal. Arrive la fin de l’été, tout change : à la surface du tan se forment des gâteaux volumineux ayant quelquefois jusqu’à 30 centimètres de diamètre et 2 centimètres d’épaisseur. Ces gâteaux sont d’abord d’un beau jaune ; ils deviennent ensuite bruns ; ils sont formés d’une sorte d’écorce rugueuse, au-dessous de laquelle se trouve un feutrage très-serré de tubes anastomosés en réseau. Chacun de ces tubes en contient d’autres beaucoup plus fins formant un nouveau réseau dans les mailles duquel sont emprisonnées les petites semences sphériques, les Spores qui doivent reproduire l’Æthalium. On donne le nom de capillitium aux tubes minces qui sont développés autour des spores, celui de Sporanges aux gros tubes qui les contiennent. La croûte colorée qui protège ces tubes chez les Æthalium manque dans la plupart des autres genres. Chez les Physarum ces tubes sont eux-mêmes indépendants les uns des autres ; ils sont remplacés par de petites sphères isolées chez les Arcyria (fig. 4, n° 2) ; enfin le