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partant d’un même point et dirigés l’un en avant, l’autre en arrière (fig. 1, 1) ; enfin, certaines Conferves ou Algues d’eau douce, ont aussi des anthérozoïdes dont la forme est assez variable. De plus, dans ce groupe et dans celui des Champignons, on voit apparaître un autre mode de reproduction. Le contenu de certaines cellules se change en petits corps pourvus tantôt d’un ou de deux cils vibratiles, tantôt, comme chez les Œdogonium, d’une couronne de cils. Ces petits corps, auxquels ou peut appliquer la dénomination de Zoospores, se fixent, après avoir nagé plus ou moins longtemps, et se changent directement soit en une Algue, soit en un Champignon semblable à leur parent.

La forme la plus commune de ces zoospores est celle d’une petite masse ovoïde pourvue d’un ou deux cils. Nous retrouvons donc ici, à fort peu de chose près, l’élément reproducteur que nous avons déjà eu plusieurs fois l’occasion de signaler chez diverses Monères et chez les Radiolaires. On ne peut cependant douter, dans le cas actuel, que les organismes qui l’ont produit soient bien réellement des végétaux. Les zoospores des Algues sont, il est vrai, généralement colorés en vert par cette même matière qui colore les feuilles de la plupart des végétaux, la chlorophylle ; parfois même, ils présentent une petite tache arrondie, une sorte d’œil rudimentaire de couleur rouge ; mais les zoospores des Champignons sont absolument incolores, et rien ne pourrait indiquer, si l’on ne connaissait pas leur origine, que l’on doive les rapporter au règne végétal plutôt qu’au règne animal.

La matière colorante verte elle-même, la chlorophylle, n’est pas absolument particulière aux végétaux. Des infusoires dont personne ne songerait à faire autre chose que des animaux, les Stentors, par exemple, sont imprégnés de chlorophylle, et peuvent même, suivant des expériences récentes, dégager de l’oxygène au soleil, tout comme font les végétaux. Des faits analogues ont été observés chez des vers relativement élevés. C’est encore un trait distinctif des deux règnes qui disparaît.

Dans les végétaux dont nous venons de nous occuper, la période de mobilité est relativement de courte durée ; mais il n’en est pas toujours ainsi. Dans certains groupes, sa durée est plus longue, au contraire, que celle des autres périodes, de façon qu’elle constitue pour ainsi dire l’état normal, la période d’immobilité, n’étant alors qu’une période transitoire. C’est ce qu’on voit, par exemple, chez les Volvox, les Stephanosphœra ou les Gonium.

Une masse gélatineuse, sphérique chez les Stephanosphœra et les Volvox (fig. 2, n° 2), quadrangulaire chez les Gonium (fig. 2, n° 1), renferme des cellules vertes régulièrement disposées un peu au-dessous de sa surface et munies chacune de deux cils vibratiles qui font saillie hors de la masse gélatineuse et fouettent constamment le liquide ambiant. Grâce au mouvement des cils, la masse entière nage en tournoyant. Chez les Volvox (fig. 2, n° 2), les cellules ciliées sont fort nombreuses et reliées entre elles par une sorte de réseau protoplasmique ; chez le Stephanosphœra pluvialis, que l’on trouve après les pluies dans les moindres flaques d’eau, et notamment dans les creux des grosses pierres, elles ne sont qu’au nombre de huit, disposées perpendiculairement à l’un des plans équatoriaux de la sphère. Ces cellules sont en forme de fuseau, et de leurs extrémités partent des filaments protoplasmiques qui vont s’attacher à la périphérie de la sphère. On a pu suivre presque toutes les phases de la vie de ce singulier végétal. Pendant la nuit, chacune des huit cellules composantes se partage en deux, quatre et enfin huit nouvelles cellules, de manière à produire une petite famille en tout semblable à celle dont elle faisait partie. Au matin, chaque Stephanosphœra contient donc, au lieu de huit cellules, huit jeunes individus, qui se meuvent à l’intérieur de la masse gélatineuse primitive jusqu’à ce que celle-ci se dissolve et les laisse en liberté. Le phénomène se renouvelle aussi longtemps que persistent les conditions de chaleur, de lumière et d’humidité nécessaires à la vie de la plante. De temps en temps la succession des générations est interrompue par la formation d’un nombre considérable de petites sphérules, dites microgonodies, résultant d’une division répétée des cellules mères. Ces microgonidies, pourvues chacune de quatre cils vibratiles, se séparent les unes des autres et nagent librement dans le liquide ambiant : on ignore quelle est leur destinée ultérieure.

Lorsque les conditions deviennent moins favorables, chacune des huit cellules composant un Stephanosphœra perd ses cils, s’isole, s’enveloppe d’une membrane résistante et tombe au fond de l’eau, où sa couleur passe graduellement au brun et au rouge. Elle peut très bien, dans cet état, supporter la dessiccation ; mais que l’humidité revienne, chaque cellule se divise de nouveau en deux, quatre, quelquefois huit parties ; sa membrane d’enveloppe disparaît et met en liberté des zoospores pourvus de deux cils locomoteurs. Chacun de ces zoospores donne naissance, par division, à un nouveau Stephanosphœra à huit cellules.

La période de repos est donc ici presque nulle, et si l’on s’en tenait au caractère tiré du mouvement, il faudrait faire des Stephanosphœra et des autres Volvocinées de véritables animaux : la couleur verte des cellules composantes, la ressemblance des zoospores avec ceux des Hydrodyction, qui par la durée de leur période de repos, sont bien réellement des Algues, sont les seules raisons qui font rattacher les Volvox au règne végétal.

Au contraire, on rattache plus volontiers au règne animal la remarquable Magosphœra planula découverte, en 1869, par Hæckel, dans la mer du Nord, et qui présente cependant certaines analogies avec les Volvox.

À l’état adulte, un individu de Magosphœra (fig. 3, nos 3 et 4) a l’apparence d’une petite sphère composée de trente-deux cellules en forme de pyra-