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nous conduit déjà à des conséquences d’une haute importance.

Si simple que soit la substance qui constitue les Monères, elle présente d’une monère à l’autre des propriétés fort différentes, impliquant que le protoplasma, en tant que substance vivante fondamentale unique, est une pure abstraction. Nous connaissons déjà autant de protoplasmes distincts qu’il existe de Monères, et chacun de ces protoplasmes se reproduit, non seulement avec toutes ses propriétés physiques et chimiques, mais encore avec toutes ses propriétés physiologiques : les individus vivants qu’il constitue naissent, vivent et meurent toujours de la même façon. Cependant toutes ces substances possèdent un certain nombre de propriétés qui leur sont communes : toutes exécutent des mouvements spontanés, toutes s’accroissent et s’assimilent des substances étrangères qu’elles façonnent par leur simple contact de manière à les rendre identiques à elle-mêmes, toutes présentent une tendance à constituer de petites masses individuelles, capables elles-mêmes de se résoudre en masses plus petites encore, aptes à se transformer en individus nouveaux. En d’autres termes, tous les protoplasmes se meuvent, se nourrissent et, ce qui en est une conséquence, se reproduisent.

Fig. 3 — Myxodictium sociale.


Fig. 4. — Protomyxa aurantiaca ayant capturé de nombreux infusoires.

Ce sont là, à peu de choses près, les seules propriétés qui leur soient communes : elles caractérisent la vie du protoplasme. Mais, à proprement parler, ces propriétés réunies dans une substance constituent ce que nous nommons la vie. Nous devons les constater et rien dans ce que nous savons jusqu’à présent ne nous permet d’en donner une explication.

Quant aux propriétés secondaires qui distinguent les Protoplasmes entre eux, on peut se demander si ce sont des propriétés originelles ou des propriétés acquises Dans le dernier cas, on doit rechercher si toutes les substances protoplasmiques ne dérivent pas d’une substance primitive unique, éminemment apte à se modifier sous l’action de certaines influences, possédant seulement la propriété de se mouvoir, d’accroître sa masse en s’assimilant des matières étrangères, substance qui se serait du reste formée par le libre jeu des forces physiques.

Telle est la forme sous laquelle se présente aujourd’hui la question des générations spontanées. On admet bien comme démontré que tous les êtres ayant acquis un degré quelconque d’individualité ne sauraient se former spontanément ; mais on se demande toujours si le protoplasma non individualisé, encore indifférent en quelque sorte, ne peut pas