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Le laurier, la vigne, le lierre, le laurier-rose, divers érables, le térébinthe, le gaînier, etc., paraissent être dans ce cas.

2° Une deuxième catégorie également autochthone, mais composée de types d’affinité tropicale et spéciaux à l’Europe tertiaire, qu’ils auraient servi à caractériser autrefois. Ce sont des genres éteints à partir d’un certain moment : les genres Rhizocaulon, Dewalquea, Flabellaria (parmi les palmiers), Palæcarya parmi les Juglandées, certaines Protéacées, Araliacées, Anacardiacécs, etc., observés sur plusieurs points de l’Europe éocène ou oligocène, rentrent dans cette catégorie.

3° Une troisième catégorie, plutôt cosmopolite que réellement indigène, mais ancienne sur le sol de l’Europe et comprenant des plantes d’affinité tropicale que l’Europe a longtemps comprises, qu’elle a ensuite perdues, mais que l’on retrouve hors de notre continent, principalement dans l’Asie du sud et du sud-est. Bien des plantes se trouvent faire partie de cette catégorie dont la présence démontre que, sans le refroidissement du climat, l’Europe aurait eu en partie les mêmes végétaux que les Indes, les archipels de l’Asie, la Chine méridionale et le Japon. Il faut y ranger les Lygodium, les Ailantes, beaucoup de Laurinées, surtout les camphriers et les cannelliers, les Mimosa et Acacia, les Bomhax, les dragonniers, les Pittosporum et tant d’autres.

4° Une autre catégorie également indigène et perdue pour l’Europe, comme la précédente, mais composée principalement de types aujourd’hui répandus dans la zone tempérée chaude dont ils habitent les régions montagneuses et forment les massifs forestiers. Cette catégorie comprend les Bélulaster, les Alnaster, les Microptelea, certains peupliers et érables, des saules, etc., et elle renferme des types ayant généralement précédé en Europe ceux de mêmes groupes que nous possédons encore, mais dont ils se distinguent par des aptitudes plus méridionales, par des feuilles semi-persistantes et par leur susceptibilité relative vis-à-vis du froid de nos hivers.

Fig. 2. — Carte montrant la distribution approximative des terres et des mers eu Europe, à l’époque de la mer Molassique.

5° Une catégorie qui semble empruntée plus particulièrement au continent africain et aux îles qui en dépendent, parce que les types et les formes similaires de ceux qui existaient autrefois en Europe s’y retrouvent de nos jours dispersés à travers cette région, depuis les Açores et les Canaries à l’ouest, la Barbarie au nord, l’Abyssinie et le Soudan, au centre et à l’est, jusqu’à la région du Cap et aux îles Madagascar, Maurice et Bourbon. Cette cinquième catégorie est surtout représentée par des types de Phœnix, Dracœna, Musa, Arundo, par les genres Callittris, Widdringtonia, Encephalartos, par plusieurs types d’Acacia, d’Aralia, de Myrica, de Zizéphus, de Rhus, par des Myrsinées, des Célastrinées, des Anacardiacées et bien d’autres qu’il serait trop long d’énumérer. Il est certain que l’Europe tertiaire a possédé ces types en commun avec le continent africain et qu’elle les a ensuite perdus, tandis que celui-ci les a conservés.

6° Une catégorie moins nombreuse que les précédentes, mais encore assez saillante par les types qu’elle comprend et dont l’affinité avec ceux des parties méridionales ou austro-occidentales de l’Union américaine est visible. Je citerai seulement à l’appui les palmiers Sabals, les pins de la section Pseudo-Strobus et les groupes de chênes alliés aux Quercus phellos et virens. Ces types et d’autres qui sont dans le même cas ont longtemps habité l’Europe et se trouvent de nos jours exclusivement confinés en Amérique.

7° Une dernière catégorie dont la provenance des régions polaires est notoire, depuis les découvertes relatives aux flores fossiles crétacées et tertiaires du Spitzberg et du Groëland, dont l’examen permet de constater cette provenance. Les types de cette catégorie, parmi lesquels il faut ranger en première ligne les Séquoia, Taxodium, Glyptostrobus, Salisburia, Platanus, Liquidambar, les chênes de la section Robur, Les bouleaux, sapins, ormes, hêtres, châtaigniers, tilleuls, etc., enfin beaucoup de types à feuilles caduques ou marcescentes qui sont demeurés l’apanage des régions du nord, ont cela de commun qu’ayant eu également les alentours du pôle pour point de départ, ils en ont rayonné comme d’une région mère, de manière à se répandre à la fois dans l’ancien et le nouveau continent, en don-