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tude, au sein d’une brume translucide, l’humidité relative à cette hauteur n’était plus que de 67, la température de 18°,10. — Au moment où l’aérostat revenait à terre, on aperçut nettement au milieu de quelques rayons solaires, une pluie fine qui se formait à un niveau inférieur, à 200 mètres d’altitude environ. Le ballon planait ainsi au-dessus de ces fines gouttelettes, qui prenaient l’aspect de fines parcelles de diamant.

Le jeudi 26 août, à 11 heures du matin, le ballon captif en s’élevant, disparut pour la première fois d’une façon complète au sein d’une nappe de vapeurs très épaisses qui s’étendait à 300 mètres seulement au-dessus de Paris. Les passants étonnes avaient complètement perdu de vue l’immense aérostat ; c’était un spectacle vraiment singulier, que celui du câble qui se montrait seul et qui paraissait attaché à la partie inférieure des nuages.

La plupart des ascensionnistes manifestent leur étonnement à la vue de ces grands spectacles de l’air, et ils se livrent d’autant plus librement à leur admiration que leur sécurité est plus grande. Depuis le 25 septembre, M. Henry Giffard, qui ne veut rien livrer au hasard, a pourvu le ballon captif d’un câble neuf, qui plus gros encore que le précédent, mesure 9 centimètres de diamètre à sa partie supérieure et 8 centimètres à sa partie inférieure. Ce câble, fabriqué comme le précédent à la corderie du Mail à Angers, ne pèse pas moins de 2 800 kilogrammes ; il permet aux voyageurs de s’élever dans la nacelle du Grand Captif, avec plus de sécurité, sans aucun doute, que lorsqu’ils traversent un pont suspendu.

Fig. 2. — Effet de coucher du soleil observa dans la nacelle du ballon captif, le 28 septembre 1878. Altitude : 480 mètres. 5 h. 23 du soir. (D’après nature, par Albert Tissandier.)

Cette solidité exceptionnelle du matériel permet d’affronter des vents assez impétueux, contre lesquels des ballons ordinaires que l’on voudrait maintenir captifs se briseraient infailliblement. C’est merveille de voir le grand aérostat de la cour des Tuileries, osciller comme un vaste pendule sous l’action puissante du vent du nord, ou des rafales du sud-ouest. Si le spectacle est imposant, l’enseignement que peut en tirer le météorologiste est d’une haute importance. Le ballon captif est une véritable sonde aérienne, et il révèle constamment l’existence de courants superposés qui échappent à l’observateur terrestre. À 100 ou 200 mètres d’altitude on est fréquemment plongé dans des courants aériens très-rapides qui se meuvent au-dessus d’une couche d’air terrestre tout à fait calme. Quelquefois c’est le contraire qui se présente, la couche atmosphérique supérieure n’est pas agitée, tandis que des rafales superficielles soufflent à terre.

Gaston Tissandier.

La suite prochainement. —