gue et épaisse forêt, nous partîmes pour le passage, dont nous atteignîmes le faite à 2 heures de l’après-midi. M. Matthews, jadis résidant à New-York, se chargea de consulter le chronomètre, M. Schwarz, l’école technologique des Massachusetts, et M. Burnet, de Cincinnati, entreprirent la tâche délicate d’annoncer le moment de l’éclipse totale ; quant à mes fonctions, le dessin qui accompagne ma lettre, les fait assez connaître. (Voir la gravure.) Quelques minutes avant le premier contact, une lumière orange très singulière fut remarquée dans l’atmosphère ; elle se changea, au moment du contact, en une couleur tenant du gris d’acier et du lilas ; et, quand le corps obscurcissant s’avança lentement, mais progressivement, cette lumière étrange s’accentua davantage, devenant d’un pourpre foncé dans les ombres des rochers de Gray’s Peak, à un mille (1609 mètres) ou à peu près, au delà du cul-de-sac des sources de la rivière du Serpent. Le moment du premier contact fut annoncé à 2 heures 19 minutes 45 secondes et le disque du soleil fut obscurci aux trois quarts à 5 heures 9 minutes et 45 secondes. À 5 heures 12 minutes, le grand orbe ressemblait au commencement du premier croissant de la lune et la merveilleuse lumière, qui s’étendait sur tout le paysage, ne ressemblait ni à celle du soleil, ni à celle de la lune, ni à celle de l’aube ou du crépuscule : il serait impossible de la décrire sans employer l’expression de lilas d’une teinte particulière. À cet instant, nous remarquâmes la grande ombre planant sur nous et venant du nord-ouest. Le nuage éloigné, qui bordait l’horizon, au nord-est et au sud-ouest, prit la teinte jaune commune qui précède immédiatement le lever du soleil. Long’s Peak, au nord et Mont-Sainte-Croix, au nord-ouest, tombèrent d’abord sous ce voile solennel, puis Gray’s Peak et, une seconde plus tard, le soleil après avoir brillamment scintillé, s’éteignit, nous laissant dans l’obscurité. L’éclipse totale commença à 3 heures 25 minutes et 5 secondes. Ce fut une scène d’une beauté surprenante ; Pike’s Peak bien loin de nous, vers le sud, restait encore éclairé par le soleil, montrant vaguement ses contours teints de rose, tandis que l’horizon couleur d’ocre, un instant auparavant, était maintenant d’un rouge, ou rose et lilas ardents. Une seconde ou deux après, le mont Evans, Pike’s Peak et toute la chaîne du sud nous tinrent compagnie dans l’obscurité. Procyon et Vénus se montrèrent à l’ouest et au nord-ouest. Le baudrier d’Orion brillait dans le sud-est ; Castor et Pollux, dans l’est ; Mercure et Régulus au sud-ouest du soleil, tandis que la Couronne elle-même scintillait, au bord de la lune, d’une lumière pâle et nébuleuse ; les cieux, au zénith et dans le voisinage, prenaient une teinte d’un bleu que nul mortel ne saurait décrire. Nous étions au sommet de l’Argentine, c’est-à-dire sur le point le plus élevé de l’Amérique du Nord et ce qui augmentait encore à nos yeux le prix de la position que nous occupions, c’est qu’au-delà des lignes marginales de la grande ombre, nos yeux découvraient des couleurs tellement étonnantes qu’elles nous payaient amplement de toutes les fatigues de notre excursion. Après l’espace de 2 minutes 44 ou 45 secondes, le soleil reparut sous la forme d’un jet de lumière éclatant et nous vîmes apparaître sur le sol l’étrange teinte orange que nous avions remarquée auparavant. À mesure que les grands pics émergeaient de l’obscurité, vers le sud, ils avaient l’air de gigantesques fantômes ; la lumière, répandue dans l’atmosphère, faisait qu’on croyait les voir dix fois plus éloignés qu’ils ne le sont en réalité. Lors de l’éclipse totale, la brise, qui soufflait sur la hauteur où nous étions, devint tellement froide que nous en éprouvâmes une vive souffrance; aussi la réapparition du soleil fut-elle saluée par un transport de joie. Nous n’attendîmes pas le dernier contact de la lune et du soleil, parce que quelques personnes de notre société, particulièrement les dames, étaient transies et une retraite sur Jestice’s cabin fut jugée prudente. Notre cavalcade s’en retourna charmée et ravie de ce qu’elle avait vu. La saison des pluies se termina à temps et une journée splendide nous avait été accordée dans cette occasion au grand plaisir des nombreux amateurs de science qui étaient venus dans notre Etat. Quant à ce qui concerne les protubérances, nous devons avouer qu’à notre poste nous n’en découvrîmes aucune. ST-George Stanley.
LES PRODUITS CHIMIQUES POUR LA GRANDE INDUSTRIE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE (Suite. — Yoy p. 177.) Acide Mltatlqae » L’emploi des pyrites pour la préparation de l’a¬ cide sulfurique remonte à 1838. Jusqu’à cette époque, la totalité de l’acide sulfurique était pro¬ duite exclusivement au moyen du soufre brut de Sicile. La pyrite dont on se sert pour la fabrication de l’acide sulfurique est généralement du bisulfure de fer (Fe S*) ou un mélange de sulfures métalliques dans lequel le bisulfure de fer domine. Dans le traitement métallurgique des minerais sulfurés tels que les galènes, les pyrites de cuivre, etc., la première opération consiste toujours dans un grillage, produisant une quantité considérable d’acide sulfureux qui pendant longtemps se per¬ daient dans l’atmosphère avec les autres gaz de la combustion. D’après The Harper’s Weeklif de New-York.