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C’est toujours le panorama de Paris que l’on contemple à l’extrémité du câble du Grand Captif ; mais ce panorama est toujours nouveau et toujours changeant d’aspect, car l’atmosphère est comme un kaléidoscope qui transforme à l’infini les mêmes images ; les nuages et les brumes tamisent d’une façon sans cesse nouvelle les rayons du soleil, et modifient constamment les ombres et les lumières du tableau que l’on admire. La ville de Paris apparaît au centre de la ceinture verdoyante des campagnes qui l’environnent ; mais la grande capitale se pare de mille ornements différents. Tantôt elle est dorée par les feux d’un soleil ardent, tantôt, au contraire, elle se revêt d’un ton uniforme qui lui donne un aspect plus sévère mais non moins grandiose ; quelquefois elle disparaît sous une nappe de brume et ressemble à ces grands décors dont on adoucit l’éclat dans les théâtres en les cachant sous un voile de mousseline.

L’ombre du ballon se projette alors sur cet écran de vapeurs aériennes, comme le représente la gravure que nous offrons à nos lecteurs. L’effet qu’ils ont sous les yeux a été dessiné le 3 août, à 5 h. 50 du soir. L’ombre était d’une très-grande netteté à sa partie inférieure ; elle se perdait dans le ciel vers sa partie supérieure ; ses bords étaient tout à fait éclatants de lumière. Le phénomène a pu être observé pendant plusieurs ascensions consécutives.

Gaston Tissandier.

La suite prochainement. —