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la tournure de fer, et abaissé pendant la réaction ; ce couvercle obture l’appareil à l’aide d’un système de fermeture hydraulique. Le sulfate de fer en dissolution, résidu de la préparation du gaz, est sans cesse déversé dehors au moyen d’un tube en U par lequel il s’écoule. L’hydrogène qui prend naissance, traverse successivement le laveur à eau R, l’épurateur à chaux S, le réfrigérant T, le cylindre U où il abandonne la poussière de chaux entraînée, le compteur de débit Y ; il s’échappe par le robinet r’ et circule dans le tuyau de gonflement pour pénétrer au sein de l’aérostat. Le robinet r sert à recueillir une petite quantité de gaz pour en faire l’essai. Entre les deux robinets r et r’ est une soupape de sûreté  [1]. Le générateur où se produit la réaction est garni intérieurement d’épaisses feuilles de plomb, l’eau et l’acide avant de traverser la tournure de fer, sont légèrement échauffés par de la vapeur d’eau. Le gonflement du ballon captif a été terminé le dimanche 14 juillet à 7 heures du soir, en présence d’une foule immense, attirée par la grandeur et l’étrangeté du spectacle. La manœuvre du ballon, du filet, des sacs de lest a été opérée avec beaucoup de précision par les aéronautes que M. Giffard a choisis pour diriger le service des ascensions captives, MM.  Eugène et Jules Godard et Camille d’Artois, assistés de M. Dardaud.

Pendant le gonflement, le filet de l’aérostat était muni de cordes d’équateur, qui le maintenaient dans une position régulière ; une fois que la partie supérieure de la sphère a dominé la surface du sol, on a fixé à toutes les mailles une série de crochets pourvus de cordelettes se ramifiant à de grosses cordes verticales munies de gabillauds. À mesure que l’aérostat se gonflait, on attachait des sacs de lest remplis de sable à chaque gabillaud. Afin que la manœuvre s’opérât régulièrement, les gabillauds étaient alternativement peints en noir et en blanc. Les hommes de manœuvre placés à chaque corde pouvaient ainsi abaisser en même temps et régulièrement, les sacs de lest au fur et à mesure que la sphère s’élevait au-dessus du sol.

Face. Revers.
Fig. 3. — Médaille commémorative des ascensions.

Les cordes de gonflement entouraient l’aérostat ; elles étaient au nombre de soixante-quatre ; elles avaient 35 mètres de longueur et se trouvaient arrimées aux mailles du filet. Des grappes de sacs de lest étaient pendues à tous ces cordages ; en outre, les cordes d’équateur, au nombre de seize, étaient attachées obliquement aux anneaux fixés dans les scellements de maçonnerie qui forment dans l’enceinte un cercle de 80 mètres de diamètre. À mesure que le ballon montait, il fallait accroître le nombre de sacs de lest, qui, à la fin de l’opération, a dépassé 1 600. Chaque sac pesait 15 kilogrammes.

Pendant la durée du gonflement, on a pu à plusieurs reprises monter à la partie supérieure de l’aérostat, en exécutant l’ascension au moyen des mailles du filet comme à l’aide d’une échelle de corde. Plusieurs de ces expéditions étaient nécessaires pour s’assurer que les points de repère marqués préalablement sur le filet et sur l’aérostat communiquaient bien entre eux. À la fin du gonflement on marchait à la partie supérieure du ballon tendu comme une peau de tambour, mais au commencement de l’opération, l’étoffe n’était pas encore roidie, par la pression du gaz, on y enfonçait mollement comme dans un lit de plumes, et le poids d’un homme y creusait un profond sillon. La gravure ci-dessus (fig. 2) représente une de ces excursions aérostatiques d’un nouveau genre, que

  1. Nous avons décrit précédemment (5e année 1877, 2e semestre, p. 211) le premier appareil d’essai construit par M. Henry Giffard ; nous y renvoyons le lecteur pour l’explication détaillée de ces différents organes.