LES PÉRIODES VÉGÉTALES
DE L’ÉPOQUE TERTIAIRE.
Des effets semblables se sont inévitablement produits autrefois et on observe en effet des contrastes très-marqués dans la dimension relative des espèces, en comparant les formes homologues de plusieurs périodes ou localités placées sous des conditions extérieures visiblement opposées.
Les extrêmes de grandeur dans la dimension des feuilles sont offerts par certaines espèces de la flore de Sézanne qui appartiennent à une époque et à une localité au sein desquelles la chaleur et l’humidité réunies ont dû atteindre leur apogée.
Une feuille de Grewiopsis (G. Sidœfolia, Sap.), de cette station, mesure près de 30 centimètres de largeur sur une longueur de 20 centimètres non compris le pétiole. Cette dimension est de beaucoup supérieure à celle de la plupart des feuilles des Luhea actuels, type de Tiliacées sud-américaines, auquel les Grewiopsis de Sézanne doivent être assimilés. De son coté, le Grewia crenata, Ung., espèce miocène qui vivait encore à l’époque des cinérites du Cantal et qui paraît répondre trait pour trait au Grewiopsis de Sézanne, présente des feuilles dont le plus grand diamètre n’excède par 7 centimètres, sur une hauteur, de la base au sommet du limbe, de 5 centimètres et demi à 6 centimètres seulement. On voit par là combien la diminution de la chaleur, sans doute aussi indispensable que l’humidité à la vigueur de ce type, avait contribué à l’amoindrir par son abaissement graduel dans l’espace qui sépare le paléocène du miocène. La sécheresse, d’autre part, avait sans doute forcé ce même type de se tenir à l’écart durant l’éocène, période dans le cours de laquelle on cesse de l’observer. On pourrait faire les mêmes remarques au sujet des viormes, des cornouillers et des Juglandées de Sézanne qui marquent pour ces groupes une sorte de maximum d’ampleur du limbe de foliaire, qui ne semble plus avoir été ensuite dépassé.
L’influence de la chaleur et de l’humidité, agissant tantôt séparément, tantôt de concert, se laisse voir surtout dans le groupe des chênes, dont on rencontre des formes caractéristiques sur tous les niveaux successifs, depuis Gelinden, à la base du paléocène, jusqu’à l’extrémité supérieure de la série. Les premiers chênes sont tous des chênes verts, c’est-à-dire que leurs feuilles étaient plus ou moins fermes, lustrées et persistantes. Si l’on cherche à grouper par catégories les formes de cet âge, on reconnaît aisément des chênes à feuilles entières et plus ou moins lauriformes et d’autres dont les feuilles sont dentées, crénelées ou lobulées.
Considérons d’abord les premiers. À mesure que l’on s’éloigne du paléocène, on voit des diversités se produire : les uns gardent des feuilles plus ou moins ovalaires, tandis que chez d’autres le limbe tend à s’allonger ; puis, sous l’influence continue du climat sec et chaud de l’éocène, les dimensions des espèces de certaines stations se réduisent, et l’on observe, d’abord dans le calcaire grossier parisien, au sein d’une contrée située au voisinage de l’ancienne mer (couches du Trocadéro), puis dans les gypses d’Aix, les formes sensiblement atténuées, représentées par nos figures {fig. 1), et qui expriment bien réellement les résultats de l’action climatérique de l’éocène. Nous avons vu d’ailleurs que cette action avait continué à se prononcer dans la période