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niées, qui comprennent une multitude d’empreintes végétales, appartenant à divers niveaux successifs de la série pliocène.

Près du Puy, MM. Aymard et Haydes ont encore recueilli de nombreux débris de plantes dans une marne à tripoli grisâtre, observée non loin de Ceyssac. Dans le Cantal, la flore pliocène la plus riche est due aux recherches de M. B. Rames, qui l’a exhumée des cinérites, c’est-à-dire des cendres d’origine éruptive, remaniées, cimentées et stratifiées par les eaux, probablement par l’effet des précipitations aqueuses qui précèdent ou accompagnent les coulées de matières en fusion.

Fig. 4. — Espèces caractéristiques des tufs pliocèues de Meximieux.
1. Adiantum reniforme L. — 2-4. Bambusa lugdunensis Sap. ; 2, fragment de tige adulte ; 3, 4, feuilles. — 5, 6. Quercus præcursor Sap. ; 5, feuille ; 6, gland dépouillé de son enveloppe.

Ces phénomènes, d’une grande violence, eurent pour conséquence d’entraîner la chute d’une foule d’arbres dont les troncs couchés se montrent à l’état de moule creux, disposés dans un véritable désordre. Les branches, les tiges, les rameaux furent recouverts ; le sol jonché d’un lit de feuilles et d’une quantité de menus organes disparut sous un amas de cendres qui reçut l’empreinte de tous ces objets, même des plus délicats. La roche ainsi reconstituée et ensuite durcie nous les a fidèlement transmis, dans l’état où chacun d’eux se trouvait au moment de la catastrophe, réalisant au profit de la science les merveilles d’un Herculanum végétal qui n’a pas dit son dernier mot. La présence du bambou de Meximieux et les indices tirés des études stratégraphiques de M. B. Rames permettent de croire que les forêts pliocènes du Cantal étaient à peu près contemporaines de celles des environs de Lyon. Il ne faut donc pas s’étonner de voir reparaître ici les mêmes érables, le même tilleul, ainsi que certaines espèces franchement miocènes, comme le Grewia crenala Hr., le Zygophyllum Bronnii (Ulmus Bronnii Ung.) Sap., et le Sassafras Ferretianum Massai., de Senigaglia. Mais une foule d’indices, aussi curieux qu’inattendus, nous avertissent que nous sommes ici placés sur un sol montagneux et que nous remontons à travers des pentes boisées, jusqu’à une altitude suffisante pour admettre une végétation différente de celle des vallées inférieures. N’oublions pas que c’est justement cette dernière que la plage de Vaquières et les abords des cascatelles de Meximieux nous ont fait entrevoir. Les cinérites du Cantal vont nous introduire à leur tour au sein d’une flore revêtue d’un autre caractère et plus appropriée aux escarpements sous-alpins auxquels elle servait de couronnement. Cte  G. de Saporta
Correspondant de l’Institut.

La suite prochainement. —