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LES PÉRIODES VÉGÉTALES
DE L’ÉPOQUE TERTIAIRE[1].

§ III. — Période oligocène ou tongrienne.

La nouvelle période végétale dont je vais tracer le tableau, fournit un argument de plus en faveur de ce que j’ai avancé au sujet de la connexion intime des âges successifs et de l’impossibilité d’assigner à chacun d’eux des limites précises. Nous avons passé en revue les plantes qui entouraient le lac gypseux d’Aix, à la fin de l’éocène ; la barrière étroite qui nous séparait de l’oligocène une fois franchie, nous allons voir ces mêmes plantes ou d’autres espèces leur ressemblant de très-près, continuer à se montrer dans des conditions qui restent les mêmes en apparence. Et cependant, à mesure que les niveaux géognostiques se superposent, et qu’on avance à travers un temps que l’éloignement seul nous fait paraître court, on commence à saisir des changements partiels : des espèces nouvelles et caractéristiques de la période suivante ou miocène s’introduisent, d’abord isolées et subordonnées ; graduellement plus nombreuses et plus fréquentes, elles acquièrent enfin la prépondérance, à mesure qu’elles profitent des circonstances de plus en plus favorables, qui tendent visiblement à prévaloir, pour exclure, ou du moins pour rejeter dans l’ombre leurs devancières. Ces circonstances funestes à certaines catégories de plantes, aidant à l’extension des autres, il faut avant tout les définir ; il faut ensuite déterminer la marche suivie par les types récemment introduits, que pour bien des raisons nous ne pouvons considérer comme étant le produit d’une création immédiate et subite. C’est à ces deux questions que je vais répondre tout d’abord ; je reviendrai ensuite à l’Europe oligocène pour en déterminer la configuration géographique, en préciser les régions lacustres et maritimes, et passer enfin à la description des principales associations végétales dont il a été possible de réunir les débris.

L’oligocène est donc en résumé la transition d’un régime ancien vers un régime nouveau. On conçoit que la végétation change, si les conditions qui président à son développement changent de leur côté ; mais le changement ne saurait être brusque ni général, à moins que les phénomènes perturbateurs ne présentent eux-mêmes un caractère de brusquerie et

  1. Voy. 1877, 1er semestre, Table des matières.