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LES PÉRIODES VÉGÉTALES
DE L’ÉPOQUE TERTIAIRE.

(Suite. — Voy. p. 85, 123, 170 et 242.)

Le groupe immense des chênes se partage actuellement en un certain nombre de sections, d’autant plus difficiles à définir que les particularités qui les séparent se trouvent basées sur des caractères d’une faible valeur intrinsèque, ou se réduisent même à de simples nuances, dont quelques-unes pourtant ont assez de fixité pour reparaître dans une foule d’espèces et servir par conséquent à les grouper. La configuration des styles, la maturité annuelle ou bienne du fruit ; l’apparence, la consistance et le mode d’agencement des écailles de la cupule ; le sommet mu tique ou mucronulé des lobes de la feuille, telles sont les principales de ces notes différentielles, et l’on conçoit que les espèces ou les races qui témoignent par la similitude absolue de ces particularités organiques de leur étroite parenté, puissent être considérées comme sorties originairement d’une même souche, qui se serait ensuite ramifiée à travers les siècles, en conservant intacts les détails de structure que possédait en propre le prototype dont elles seraient issues.

Fig. 1. — Vue idéale du lac aquitanien de Manosque.


Les sections actuelles les mieux définies correspondraient ainsi à autant d’entités primitives ou races-souches dont les races modernes, décorées ou non du titre d’espèces, ne seraient réellement que des variétés ou formes dérivées. Mais alors il devient évident que les caractères de section n’ont acquis l’importance qui leur est maintenant dévolue, qu’à raison même des résultats d’une descendance commune, grâce à laquelle ces caractères ont pu se maintenir définitivement chez tous les rejetons de la souche qui les présentait originairement. Chacune de ces souches typiques a dû nécessairement exister d’abord à l’état de race et, dans ce premier état, on conçoit qu’elle ait été associée à d’autres types semblables, mais chez lesquels les caractères, arrêtés postérieurement par les effets de l’hérédité et devenus ainsi caractères de section n’avaient encore acquis ni la même importance, ni la même fixité. On voit par là que si quelques-unes de ces espèces primitives ont pu, en se dédoublant, donner naissance aux principales sections actuelles, d’autres ont dû périr sans laisser de descendants, et d’autres enfin ont pu, au contraire, arriver jusqu’à nous en demeurant faibles, isolées, pourvues de caractères variables ou ambigus, qui ne permettent de les ranger dans aucune des sections existantes ; conséquence des plus naturelles, puisque ces espèces dateraient d’un temps où les sections que nous connaissons n’étaient pas encore définitivement constituées. Il s’ensuit encore que l’aspect des formes comprises dans ces mêmes sections a dû beaucoup