Page:La Nature, 1877, S2.djvu/249

Cette page n’a pas encore été corrigée

tenté de les confondre. En tous cas, il s’agit bien réellement d’une osmonde ayant joué le même rôle, et reproduisant fidèlement l’aspect d’une plante confinée maintenant dans les parties les plus chaudes de l’Asie austro-orientale. On peut dire que l’on est amené à de semblables conclusions par la présence des Lygodium, fougères grimpantes de la zone subéqualoriale, qui continuent à se montrer dans l’aquitanien (fig. 1, n° 3) ; leurs tiges flexibles et délicates s’enroulent autour des arbustes et s’attachent aux troncs mousseux, sous l’ombre épaisse des grands arbres. Les deux espèces les plus septentrionales du groupe se rencontrent maintenant, l’une en Floride, l’autre au Japon.

Fig. 5. — Charmes et hêtres aquitaniens.
1-3. Carpinus Ungeri, Ett. (Manosque). — 5-7. Fagus pristina, Sap. (Manosque).


Dans l’espace intermédiaire, il faut descendre jusqu’à la latitude des îles du Cap Vert, de l’Abyssinie et de l’Inde anglaise pour rencontrer des Lygodium. Le Lygodium aquitanien le plus répandu, L. Gaudini, Hr., retrace plutôt l’aspect de l’espèce américaine actuelle. La même impression résulte encore de la considération du type des Lastrœa ou Goniopteris, si répandu à cette époque et dont le L. styriaca Ung. (fig. 1, n° 2), le plus connu de tous, peut servir à faire connaître l’aspect. Cette espèce annonce une fougère de grande taille, peut-être même arborescente, et qui pourrait bien avoir fait partie de la tribu des Cyathées. Les nombreux Aspidium qui se groupent autour des Goniopteris ont la même signification. — Je ne puis m’empêcher de signaler en dernier lieu un très-beau Chrysodium, genre d’acrostichées dont une espèce encore inédite, recueillie aux environs de Manosque, se rattache directement aux formes les plus nettement tropicales.


Fig. 6. — Aunes aquitnniens.
1-4. Alnus Sporadum, Ung, (Coumi, Eubée). — 5, Alnus phocæenis, Sap. (Manosque).


Les Chrysodium sont des fougères aquatiques qui peuvent, selon M. Fée, atteindre jusqu’à 5 mètres de hauteur, et qui vivent à moitié plongées dans l’eau, à la manière de Typha ou massettes.

Fig. 7. — Peuplier et érables aquitaniens.
1. Populus Euboica, Sap. (Coumi). — 2-3. Acer trilobatum, Al. Br. (Coumi}. — 4. Acer recognitum, Sap. (Manosque).

Les palmiers sont en grande partie ceux de la période précédente ; leur extension en Europe n’a pas