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Les chênes de la flore d’Aix ressemblent à ceux de la Louisiane, ou bien ils viennent se ranger auprès de nos yeuses on chênes verts de l’Europe méridionale. Quant au saule, Satix aquensis, Sap., et au Peuplier, Populus Heerii, Sap., c’est avec les saules africains ou avec le type des peupliers des bords du Jourdain et de l’Euphrate qu’il est naturel de les comparer. Ainsi, toute proportion gardée, les indices d’un climat chaud percent jusque dans les végétaux de la flore d’Aix qui, au premier abord, sembleraient faire contraste avec la masse des espèces, méridionales d’aspect, de cette flore.

Sa variété, sa richesse, son originalité, la profusion et le mélange des formes qu’elle comprend ne sauraient faire question, et cette richesse, alliée pourtant d’ordinaire à une stature assez faible et concordant avec la petitesse des organes, chez la plupart des espèces, se reproduit tout aussi bien, lorsqu’on interroge les parties situées à l’écart que lorsqu’on explore, par la pensée, les plages mêmes du lac et son sein où abondaient les plantes submergées et aquatiques, comme les potamots, les alismacées ; les Vallisnéries, les Nymphéacées qui comptaient au moins trois espèces, et dont les fleurs venaient s’étaler à la surface des eaux calmes et limpides. Les roseaux, les massettes, les joncs, de frêles graminées, plusieurs mousses ; enfin une plante singulière, dont les tiges se soutenaient au-dessus du sol submergé, au moyen d’une multitude de racines aériennes, les rhizocaulées complétaient ce grand ensemble, dont le tableau, même abrégé, nous entraînerait trop loin si nous voulions l’esquisser dans son entier.

L’influence d’une nature chaude, d’un climat comprenant des alternatives très-prononcées de saisons sèches et chaudes, et de saisons pluvieuses et tempérées ; favorable pourtant au développement d’une végétation riche et variée, à la fois élégante et frêle ; peuplée de formes originales, mais généralement petites, ayant une certaine maigreur distinctive et quelque chose de dur, de coriace dans les formes ; privée d’opulence, mais vivace et surtout diversifiée suivant les pays et les stations ; ressemblant au total à celle de l’Afrique intérieure, avec des traits empruntés à l’Asie méridionale et à la Chine : tels sont, à ce qu’il semble, les caractères inhérents à la flore éocène du midi de l’Europe ; et nous verrons ces caractères persister avec des changements successifs jusqu’à la fin de l’âge suivant ou oligocène. Cte  G. de Saporta
Correspondant de l’Institut.