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comme le nôtre des lieux humides, mais bien plus petit ; espèce naine, dont les feuilles étroites et lon gues différent peu cependant, par la forme, de celles de notre laurier-rose actuel, et dont il est possible de reconstituer jusqu’à la fleur, qui nous est connue par un fragment de corolle (voy. la figure 3 ci-contre ).

Fig. 4. — Myricées et Protèacées éocènes du bassin de Paris et des arkoses du Puy-en-Velay (Haute-Loire).
1-3. — Comptonia Vinayi Sap. (Haute-Loire). — 4-7. Dryandra Micheloti Wat. ( Lea figures 4, 6 et 7 représentent des espèces du bassin de Paris ; la figure 5 se rapporte à un spécimen de la Haute-Loire.) — 8. Myrica crenulata Sap. (Haute-Loire.) — 9. Myrica hægingiana ? Elt. (Bassin de Paris).
Fig. 5. — Emphorbiophyllum vetus Sap.. Euphorbe éocène des marnes du Trocadéro.
3 et 5. Zisyphus pseudo-ungeri Sap. Jujubier éocène des marnes du Trocadéro.

Les plaines et les collines, à une certaine distance de la rivière éocène du Trocadéro, n’étaient peuplées que d’une végétation assez maigre : de petits palmiers-éventails ; quelques conifères, pins et thuyas, des chênes rabougris, à feuilles étroites et coriaces, de maigres myricées, un type de protéacées qu’il est naturel de rapporter au genre australien des Dryandra (fig. 4, nos 4, 7) ; enfin un jujubier reproduisant la physionomie des formes africaines, telles sont, en gros, les plantes qui dominaient dans cette curieuse association végétale, assez pauvre d’ailleurs.

Fig. 6. — Formes oligocènes des lignites d’Hæring, en Tyrol.
1-3. Comptonia dryandræfolia Brongn. — 4-6. Myrica hæringiana, Ett. — 7-8. Zisyphus Ungerti Ett.

Bien que peu nombreuses, elles révèlent un phénomène des plus curieux, dont il est impossible de ne pas toucher ici quelques mots ; ce phénomène est celui de la récurrence, qui amène la réapparition, par une sorte de retour périodique et de répétition, se présentant à des intervalles successifs, des formes végétales déjà aperçues une première fois et combinées toujours à peu près de la même manière, les unes par rapport aux autres. C’est ainsi que plusieurs des espèces recueillies dans les marnes du Trocadéro se montrent de nouveau dans le dépôt olégocène de Hæring-en-Tyrol, presque sans changement ou avec des changements si faibles, qu’il est facile de reconnaître dans les espèces plus récentes le type de leurs devancières à peine modifié. Dans l’intervalle pourtant, il semble que ces espèces aient disparu, puisque l’on cesse de les rencontrer ; mais ce n’est là sans doute qu’une illusion, et ce sont en réalité les mêmes plantes que l’on retrouve modifiées par l’influence du temps et des circonstances, lorsque nous les voyons s’offrir à nous pour la deuxième fois. Leur absence momentanée dans l’âge intérimaire indique seulement qu’il ne s’est alors formé aucun dépôt situé dans des conditions favorables et à portée des stations où croissaient ces espèces, ainsi que l’association végétale dont elles faisaient partie. Le phénomène, bien que parfaite-