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jusqu’aux sphygmographes les plus récents, le principe est le même. L’artère qu’on explore transmet ses battements à un levier par l’intermédiaire de pièces articulées qui constituent un tout continu et font du sphygmographe un appareil inscripteur direct.

Mais que de fois ne peut-on inscrire le mouvement dans des conditions aussi simples ! Il fallait le transmettre à distance à une plume écrivante, en lui conservant son caractère. De là les appareils inscripteurs à transmission.

C’est surtout en physiologie qu’ils sont, employés, et leur vulgarisation est due au professeur Marey. L’air sert d’organe de transmission entre l’organe dont on explore le mouvement et la plume qui en inscrit la courbe : un système clos composé d’un explorateur renfermant de l’air, d’un tube de caoutchouc et d’un appareil inscripteur, forme le fond de l’instrumentation. La figure 2 empruntée au professeur Marey donne une excellente idée de la disposition des différentes pièces du système. On varie la forme de l’explorateur suivant les besoins de l’expérience : qu’on veuille étudier les mouvements du cœur, du pouls, de la respiration, des muscles, les détails de la marche, du vol, etc., etc., c’est toujours en principe une capsule métallique pleine d’air et fermée par une membrane de caoutchouc sur laquelle agit l’organe en mouvement : l’air chassé par la pression qui s’exerce sur la membrane va soulever à distance la membrane d’une seconde capsule métallique qui supporte la plume inscrivante. Ces appareils à transmission de Marey sont aussi exacts que les inscripteurs directs, et le professeur Donders en a fait la vérification avec un instrument désigné à l’Exposition sous le nom de « Controller of the Air-Convevance. » 3955.

Dr  François-Franck.

— La suite prochainement. —


EXPOSITION INTERNATIONALE DE 1878
PROJET DE CONSTRUCTION D’UN GRAND BALLON CAPTIF À VAPEUR, PAR M. HENRY GIFFARD.

Lors de l’Exposition universelle de Paris, en 1867, on se rappelle que M. Henry Giffard construisit, au Champ de Mars, le premier ballon captif à vapeur. Ce matériel aérostatique absolument nouveau eut le privilège d’attirer vivement l’attention du public et des hommes compétents. On admira ce globe, aux proportions imposantes, où 5 000 mètres cubes d’hydrogène se trouvaient pour la première fois emprisonnés dans une étoffe imperméable ; le public ne se lassa pas d’exécuter des ascensions à 250 mètres au-dessus du sol, à l’extrémité d’un câble, qu’une machine à vapeur enroulait autour d’un treuil. Mais là où grand nombre de visiteurs ne virent qu’un objet de curiosité peu commun, les ingénieurs et les aéronautes ne manquèrent pas d’apercevoir de difficiles et importants problèmes résolus ; ils reconnurent que l’aéronautique venait de faire, entre les mains habiles de l’inventeur, un grand pas en avant. Les physiciens et les météorologistes applaudirent aussi à ce nouveau venu qui pouvait leur permettre de s’élever constamment dans l’atmosphère pour y entreprendre une série de recherches et d’observations.

Les organisateurs de l’Exposition de Philadelphie n’ont pas manqué de s’adresser à M. Henry Giffard, en lui demandant de doter leur installation d’un matériel semblable, si bien fait pour offrir aux étrangers, dans des conditions exceptionnelles, le panorama d’une grande ville. Mais le célèbre ingénieur ne voulut pas entendre les propositions qui lui étaient faites, se promettant de réserver une surprise aérostatique aux visiteurs de la prochaine Exposition internationale de Paris.

M. Henry Giffard a le projet de construire en 1878 un nouveau ballon captif à vapeur, et d’incessantes études lui ont permis de concevoir un appareil qui, par ses proportions gigantesques, par ses dispositions ingénieuses, savamment conçues, aussi bien que par sa puissance exceptionnelle et sa solidité à toute épreuve, sera, incontestablement, la plus grande merveille mécanique du Champ-de-Mars.

L’inventeur de l’injecteur a bien voulu me faire l’honneur de me choisir comme son représentant pour soumettre aux organisateurs de l’Exposition internationale de 1878 les plans relatifs à cette construction grandiose.

Après avoir fait les demandes nécessaires et avoir rencontré partout l’accueil le plus encourageant, nous croyons devoir publier quelques détails précis destinés à faire connaître d’une façon plus complète ce que sera cette vaste entreprise. Le ballon captif à vapeur de M. Henry Giffard sera formé d’une étoffe résistante, solide, absolument imperméable au gaz hydrogène, fabriquée au moyen de toiles et de feuilles de caoutchouc alternativement superposées, protégée extérieurement par plusieurs couches de vernis et revêtue d’une peinture blanche pour amoindrir les effets des rayons solaires. Ce ballon cubera environ 20 000 mètres ; il formera une sphère immense, la plus grande qui ait jamais été faite et dont le diamètre n’aura pas moins de 34 mètres. Il sera muni à sa partie supérieure et à sa partie inférieure de deux vastes soupapes. Celle du haut pourra être ouverte par les aéronautes dans la nacelle, celle du bas s’ouvrira automatiquement, pour laisser écouler le gaz quand il se dilatera. L’aérostat, amarré à terre, formera au-dessus du sol un dôme monumental, de 50 mètres de hauteur, dépassant de 5 mètres le couronnement de l’Arc-de-Triomphe de Paris.

Pour joindre les fuseaux de ce ballon, qui pèsera près de 4 000 kilogrammes, il faudra exécuter environ six kilomètres de couture. Les cordes du filet auront une longueur totale de trente-cinq kilomètres