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LA NATURE.

noyer elle était d’un vert foncé ; sur mirabellier d’un jaune rouge ; sur peuplier d’un vert clair ; sur pommier d’un jaune presque rouge ; sur la vigne d’un brun marron ; etc.

Après m’être assuré que la chose était nouvelle, je me mis à peindre avec cette couleur et j’adressai mes peintures à la Société d’Émulation.

Je recueillis cette substance liquide dans des coquilles, où elle ne tarda pas à se dessécher et à se présenter sous formes d’écailles lustrées, noires et cassantes.

Un peu d’eau, un pinceau de poils de blaireau, du bon papier Kanson ; c’est tout ce qu’il faut pour peindre avec cette matière qui est insoluble dans l’huile, l’alcool, etc., pourtant je ne désespère pas de trouver un dissolvant autre que l’eau, et je le cherche.

Je remarquai que lorsque je décapitais l’insecte mangeant, il y avait sur mon papier des granulations résultant d’une digestion incomplète. Maintenant, je n’opère la décollation que 4 ou 5 heures après le repas.

J’ai déjà bien 25 ou 30 nuances et je puis en obtenir davantage. En mariant ces nuances, j’en obtiens d’autres. C’est surtout dans les tons faibles que les différences se montrent. Il y en a de plus ou moins tranchées, mais pour bien les voir il faut que les sujets aient une certaine dimension.

J’ai montré à la Sorbonne, il y a deux ans, le polirait de Mgr Darbov, peint tout entier avec cette matière colorante. La barrette et le rabat étaient noirs, l’érable m’avait fourni cette nuance ; le camail était violet, c’est au hêtre que je m’étais adressé ; la figure était couleur de chair, c’est le prunellier qui me l’avait fournie ; la charmille m’avait donné celle des cheveux, une nuance châtain.

Veuillez agréer, etc.,

Sur un menhir de Gavr’inis.

Monsieur le Rédacteur,

Dans votre article sur les menhirs de Gavr’inis, vous constatez l’insuffisance des explications qui ont été données de la destination des orifices représentés fig. 10, page 250. Voulez-vous me permettre de vous soumettre celle qui m’est venue à l’esprit ?

Puisque ces orifices sont creusés dans la première pierre de l’une des parois de la chambre, ne peuvent-ils pas avoir servi à recevoir le gond d’une porte qui, à sa partie inférieure, aurait tourné dans une crapaudine ?

Cette hypothèse soulève un certain nombre de questions intéressantes que nos savants antiquaires sauront résoudre bien mieux que moi.

Veuillez agréer, etc.
Médecin-major de 1re classe au 13e d’artillerie,
à Vincennes.

LA PULSATION DU CŒUR

(NOUVEAUX TRAVAUX DE M. LE PROFESSEUR MAREY.)

Nous voulions présenter à nos lecteurs un compte rendu des récentes études du docteur Marey, professeur au Collège de France, sur plusieurs questions de physiologie qui sont exposées avec détail dans un livre actuellement sous presse[1]. Ne pouvant effleurer tous ces importants sujets sans courir le risque de les dénaturer, nous avons choisi celui qui nous a paru devoir offrir à nos lecteurs un intérêt particulier : l’étude de la pulsation du cœur à l’aide des nouveaux moyens d’exploration par la méthode graphique.

La pulsation du cœur, perçue à l’aide du doigt, fournit une sensation de soulèvement brusque comme si le cœur qui bat dans la poitrine venait, dans un mouvement de va-et-vient, en frapper la paroi à la manière d’un pendule. Ce phénomène, simple en apparence, est au fond très-complexe, et sa valeur, au point de vue médical, est assurément tout autre qu’on ne le croit d’habitude.

Le médecin, appliquant sa main sur la région du cœur, interroge par le sens du toucher la fonction de l’organe : il peut obtenir déjà de cette simple exploration d’utiles renseignements, soit sur le glissement plus ou moins facile du cœur dans le sac fibreux qui le contient et qu’on nomme le péricarde ; soit, mais dans une certaine limite, sur le degré d’énergie du muscle contractile.

Si l’on applique l’oreille sur la même région, on remarque que le soulèvement perçu tout à l’heure par le doigt, s’accompagne d’un bruit net, bien timbré, d’un véritable claquement sonore : tous les cliniciens s’accordent aujourd’hui à considérer ce bruit comme coïncidant avec le moment où le cœur se contracte, et, rétrécissant ses cavités principales, ses ventricules, pousse le sang dans les artères qui vont le distribuer au loin dans les tissus et les organes.

Voilà le fait pratique admis par tous, utilisé à chaque instant au lit du malade. La pulsation du cœur correspond à la contraction des ventricules, à leur systole autrement dit, laquelle détermine la projection dans les artères du sang qu’ils contenaient. Ces artères fournissent au loin comme un écho de la pulsation de l’organe central : c’est ce que l’on désigne sous le nom de pouls.

Cette notion clinique, parfaitement justifiée du reste par l’étude physiologique, n’a d’autre valeur actuelle que de fournir un point de repère pour localiser un bruit anormal à tel ou tel instant de la révolution du cœur, et, par suite, autoriser quelquefois une oreille exercée à fixer dans tel ou tel orifice de l’organe le siège d’une lésion.

Mais on est en droit de demander beaucoup plus à l’étude de la pulsation du cœur. Ce que l’auscultation toute seule ne peut nous révéler, malgré son immense valeur clinique, l’étude du mouvement lui-même et son analyse détaillée, devront nous l’indiquer avec précision du jour où des examens réitérés sur les malades, des comparaisons nombreuses, nous auront permis d’établir la contre-partie des données bien précises que les recherches physiologiques nous ont déjà fournies.

Le professeur Marey a poursuivi depuis vingt ans, avec la persévérance et l’habileté que chacun lui con-

  1. Travaux du laboratoire du professeur Marey, G. Masson, éditeur.