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ces trois manœuvres exigent une durée d’une seconde et demie.

La roue porte-plaque R est commandée par un engrenage dit à croix de Malte, qui lui laisse opérer une certaine quantité de sa révolution, puis l’arrête pendant un instant très-court. Cet arrêt se produit au moment où l’une des échancrures F du disque C arrive se placer au foyer de la lunette-chambre noire.

Les autres détails de l’instrument sont les suivants :

Q, carré pour remonter le mouvement d’horlogerie.

F, passage du rayon lumineux et foyer de la lunette.

M, figure 2, embrayage du mouvement d horlogerie avec les roues portant la plaque et l’obturateur photographiques.

T et D, tambours et plaques destinés à clore exactement la chambre photographique.

L, tube de la lunette.

B, axe commun aux principaux organes.

L’appareil fonctionne ou à la main par une manivelle, et dans ce cas on fait désembroyer le mouvement d’horlogerie, ou par le mouvement d’horlogerie disposé lui-même pour communiquer des vitesses différentes.

Un accessoire important, qui n’est pas indiqué dans la figure, fait pointer sur un compteur à secondes et automatiquement le moment précis où se produisent chacune des images.

Quant à la manœuvre de l’appareil, elle est des plus simples. La plaque sensibilisée dans le cabinet noir de l’opérateur est mise en place dans le revolver, et, au signal donné par l’observateur qui, l’œil à la lunette à pied parallactique, est juge du moment favorable, le photographe agit sur un bouton K pour dégager une cheville d’arrêt et, avec elle, le mécanisme d’horlogerie ; celui-ci fonctionne, entraînant tout l’ensemble mobile du revolver. Lorsque la roue R a terminé sa révolution, l’appareil s’arrête de lui même. Pendant cette course d’un tour entier, la plaque sensibilisée a fait quarante-huit poses, a conservé quarante-huit images affectant la forme d’une couronne dentelée.

L’un des bords de la dentelure est droit, tandis que l’autre est légèrement courbe. La ligne droite est produite par l’arête du guichet, la ligne courbe est une portion du disque solaire ; le petit cercle voisin est la planète Vénus, suivant ses différentes positions, soit un peu avant, soit pendant, soit un peu après le contact, comme on peut en suivre les détails sur la figure 4. Comme il se produit dans le passage quatre phases utiles à l’observation du phénomène, c’est-à-dire quatre contacts, l’opération recommence quatre fois, de telle sorte que, le passage terminé, l’opérateur se trouve posséder quatre séries d’images.

Connaissant l’heure exacte du commencement de l’opération photographique, celle de sa fin, par conséquent le temps employé pour obtenir les quarante-huit images, on arrive à se rendre compte de l’heure absolue à laquelle chacune d’elles s’est formée. L’examen attentif de la série de ces images fait reconnaître celle qui représente les deux astres au moment de leur contact.

Le revolver photographique a été adopté par plusieurs stations anglaises. M. Janssen a préféré le procédé Daguerre à la photographie sur papier, à cause de la plus grande netteté de l’image sur plaque argentée. Le résultat a justifié ses préférences, puisque les images obtenues l’ont été sans la production du ligament. N’oublions pas non plus que la seule invention vraiment originale faite à propos de l’observation du passage de Vénus est due à un savant français.

C. Flammarion.

— La fin prochainement. —

 

ÉTAT ACTUEL DE HUNINGUE

Toutes les personnes qui s’occupent de pisciculture savent que le bel établissement fondé près d’Huningue n’est plus à nous ; il est à l’Allemagne avec l’Alsace, dont il a suivi le sort. Quel intérêt avons-nous donc à ramener, aujourd’hui, ce qui s’y fait sous les yeux de nos lecteurs ? C’est qu’il est instructif d’apprendre ce qu’un peuple plus avisé à ce qui paraît, et certainement plus pratique que nous, sait tirer d’un établissement qui, entre nos mains, n’a jamais rien produit.

Ce que nous avançons ici demande un mot d’explication : Huningue n’a rien produit, parce que de singulières théories venues du Collège de France, avaient décidé qu’il ne devait rien produire et qu’il était construit et aménagé en vue de distribuer gratuitement à toute la France les œufs de poisson fécondés dont elle aurait besoin. On trouvait donc dans un établissement de pisciculture, cette anomalie, contre laquelle protestait et gémissait l’administration des ponts et chaussées, qui prenait soin, de Huningue, d’un endroit qui devait repeupler le pays, et n’avait pas le droit d’élever un seul poisson ! Nous posséderions encore Huningue, que les mêmes théories singulières régneraient encore.

Les Allemands ont changé tout cela ; non-seulement ils élèvent, mais ils élèvent bien, et, dans le rapport officiel, d’où nous tirons les faits suivants, le directeur se félicite d’arriver de plus en plus « à cette conclusion que, tout simplement, en combinant un étang bien réglé avec la culture en rivière, on peut réussir à repeupler les eaux dévastées, et à faire de l’élevage de la truite une affaire productive ! » Le passage suffit à montrer que la pisciculture officielle de nos ennemis est dans la véritable voie où elle doit se tenir, celle de l’expérimentation pour tous ; celle dans laquelle un établissement impersonnel montre au public que l’élevage du poisson peut être