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LA NATURE.

CHRONIQUE

Un tunnel sous le détroit de Gibraltar. — Nous avons publié dans le dernier volume de la Nature (2e semestre 1874) les renseignements les plus complets sur le grand tunnel de la Manche ; aussi ne croyons-nous pas devoir revenir sur cette question à l’ordre du jour. Nous signalerons aujourd’hui un autre projet de même nature, mais d’une importance moindre, au point de vue des relations internationales. Il s’est formé, depuis quelque temps déjà, en Espagne, une compagnie qui, sous le nom de Compagnie du chemin de fer intercontinental, s’est donné pour principale mission de réunir l’Europe à l’Afrique par le moyen d’un tunnel qui passerait sous le détroit de Gibraltar. Ce tunnel, destiné à être desservi par des machines fixes, serait rectiligne ; le point de départ en Espagne serait entre Tarifa et Algésiras, et le point d’arrivée en Afrique, entre Tanger et Ceuta. La partie sous-marine aurait 13 800 mètres de longueur. Cette entreprise offre plus de difficultés que celle du tunnel projeté sous la Manche, quoique ce dernier exige une galerie de 35 à 40 kilomètres. La profondeur maxima de la Manche, dans la partie à traverser, n’est, en effet, que de 51 mètres, au lieu de 819 mètres pour le détroit de Gibraltar. En admettant qu’on établisse le tunnel des colonnes d’Hercule à 281 mètres au-dessous du fond du détroit, sa profondeur totale au dessous du niveau de la mer sera de 1 100 mètres, et les galeries d’entrée et de sortie auront au moins 5 kilomètres de longueur chacune. La Gaccha de los caminos de hierro, à laquelle nous avons emprunté les renseignements qui précèdent, estime que ce vaste projet n’est pas réalisable dans la situation actuelle de l’Espagne, et que, d’ailleurs, l’étal de dépopulation et de barbarie dans laquelle se trouve encore l’extrémité septentrionale du continent africain ne permettrait de fonder, sur les résultats économiques de cette entreprise colossale, que des espérances très-lointaines. Elle ajoute, toutefois, que ce n’est pas une raison pour ne pas examiner de près cette idée, la creuser et l’étudier de près sous toutes ses faces, et préparer l’opinion à l’accepter ; car, dit-elle, la marche vertigineuse des grands progrès dans notre siècle est telle, que ce qui paraît une utopie aujourd’hui, est considéré cinq ans plus tard comme possible, et devient, au bout de cinq années encore, pratique et prêt à être mis à exécution.

Les éclipses en 1875. — L’année n’a que deux éclipses qui, comme il arrive constamment en pareil cas, sont toutes deux de soleil. Mais une d’elles, celle du 15 avril, sera très-remarquable. De toutes elle sera la plus favorisée au point de vue de la longueur, car la durée de la totalité sera notablement plus grande que le 29 juillet 1878, le 29 août 1883, le 20 avril 1892, le 10 avril 1893, etc., etc., c’est-à-dire que dans les plus grandes éclipses totales qu’on pourra observer jusqu’à la fin du siècle. M. Hind, qui a refait avec un nouveau soin les calculs du Nautical almanach, a trouvé que la phase d’obscurité du 15 avril s’élèvera jusqu’à 257 secondes dans l’ile Bentinck. Sa ligne centrale passe un peu au nord de Kaikal dans l’île de Camorta, de l’archipel des Nicobar, où la phase d’obscurité, encore plus longue, sera de 207 secondes. Le phénomène sera visible à Bangkok, où le roi de Siam a invité des observateurs. M. Janssen se rendra à l’observation de cette éclipse. La société royale de Londres y enverra une expédition organisée par M. Lockyer. On y fera usage du sidérostat ou lunette horizontale sans cependant renoncer à l’usage des équatoriaux.

Erratum. — Une erreur typographique regrettable nous a fait changer le nom de l’inventeur de la curieuse machine à voter, dont on a lu la description dans la livraison 85, du 16 janvier dernier, page 97. Au lieu de M. Martin, c’est M. Morin qu’il faut lire.

BIBLIOGRAPHIE

Recherches sur le climat du Sénégal, par <span title="Nombre M. A. Borius écrit en chiffres romains" style="text-transform:uppercase;">M. A. Borius. — 1 vol. in-8o, avec 14 planches dans le texte et une carte. — Paris, Gauthier-Villars, 1875.

M. Borius a consacré de longues années à l’étude de l’atmosphère de notre colonie, tant à l’île de Gorée, qu’à Saint-Louis, à Dagana et à Bakel. Son œuvre est un modèle pour tous ceux qui veulent s’adonner aux études météorologiques, elle donne un bel exemple d’observations scrupuleuses, de travaux assidus et persévérants sur la température de l’air, sur les vents, sur les orages, sur les inondations. Elle offre enfin une utilité incontestable, pour tous ceux qui ont intérêt à connaître le climat du Sénégal. L’hivernage de la colonie, du milieu de juin à la fin d’octobre, est insalubre et dangereux ; mais l’autre saison est sèche, fraîche, agréable et permet un acclimatement facile de l’Européen.

Études et lectures sur l’astronomie, par M. Camille Flammarion, t. V. — 1 vol. in-12. Paris, Gauthier-Villars, 1874.

L’auteur de la Pluralité des inondes habités, a réuni dans ce volume, un grand nombre de documents nouveaux sur les aérolithes et les bolides « ces curieux échantillons des autres mondes qui apportent sur notre planète des matériaux provenant des régions lointaines de l’espace. » Il y parle encore des comètes récentes, des éclipses, des protubérances solaires, de la lumière zodiacale, et continue à tenir le lecteur au courant des progrès de l’astronomie qu’il appelle « la plus belle et la plus vaste des sciences. »

Éléments d’anatomie comparée des animaux vertébrés, par Th.-H. Huxley, membre de la Société royale de Londres ; traduit de l’anglais par madame Brunet ; revu par l’auteur et précédé d’une préface par Ch. Robin, professeur à la Faculté de médecine de Paris, membre de l’Institut (Académie des sciences). — 1 vol. in-12 de VIII, 530 pages avec 122 figures, 6 fr — Paris, J.-B. Bailière et fils.

Pipette à capacité variable pour l’essai des matières d’argent par la voie humide, par M. George Suire. — Une brochure extraite des Mémoires de la Société d’émulation du Doubs.

Dei Feinomeni e dette Funzioni di Trasudamento nell’ organismo animale, del dottore Filippo Pacini. — 1 vol. in-8o Firenze, 1874.

Annuaire météorologique et agricole de l’Observatoire de Montsouris pour l’an 1875. — 1 vol. in—18. — Paris, Gauthier-Villars.