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centimètres, et les deux frégates, actuellement en construction à Londres, porteront probablement du 28 centimètres. Ces dernières pièces (à l'exception du 1 000 livres mentionné ci-dessus et actuellement à Kiel) sont les plus gros canons employés à la défense des côtes d'Allemagne. L’Ostsee Zeitung remarque que ces canons, quoique bons dans un combat à courte portée, seraient tout à fait incapables de défendre un port contre le bombardement de navires tels que le Pierre-le-Grand des Russes ou le Fury et la Devastation des Anglais, puisqu'ils sont incapables de percer une plaque de 12 à 14 pouces à des distances de 1000 à 1500 mètres. Le nouveau canon de 47 centimètres, d'autre part, pourra percer une plaque de 15 pouces à une distance de 2000 mètres.


Procédé de coiiserviUion des boln. — Le Scientific Anmican indique le procédé suivant qui donne, dit ce journal, d’excellents résultats : Prendre de l’huile de lin, la faire bouillir et y introduire du charbon de bois en poudre, jusqu’à ce que le mélange ait pris la consistance semipâteuse d’une peinture ordinaire. Préparer le bois sous la tonne qu’il doit conserver et y appliquer ensuite une seule couche de la peinture ci-dessus, la laisser sécher avant la mise en place. Le bois ainsi revêtu se conserve indéfiniment, il est inaccessible à la pourriture.


ACADÉMIE DES SCIENCES

Séance du 13 juin 1874. — Présidence de M. Bbhtrasd.

Angstrom. — M. Angstrom vient de mourir dans sa 65" année. Il était professeur de l’Université d’Upsal et, seulement depuis quelques mois, associé comme correspondant à l’Académie des sciences de Paris. Son nom restera illustre, car Angstrom avait énoncé la théorie de l’inversion du spectre bien avant que M. Kircbhoff y fût arrivé lui même, pour en tirer, comme on sait, les applications les plus merveilleuses. Le physicien suédois a toujours su apporter dans l’étude de ces délicats phénomènes toute la précision que comporte la science la [dus élevée. Si son grand ouvrage : Étude du spectre normal du soleil est rangé au premier rang îles travaux de ce genre, ce n’est pas seulement parce que, au lieu des 450 raies connues jusque-là, on en trouve 2,000 ; c’est encore, et surtout, parce que l’auteur, sans reculer devant l’immensité de la lâche, a calculé la longueur d’onde de chacune de ces raies.

Tonnerre en boule. — Les éclairs en boule ne sont pas assez fréquents pour qu’on néglige de les enregistrer, surtout lorsqu’ils viennent se faire voir en plein Paris. Jeudi dernier, -9 juillet, pendant l’orage que tous les Parisiens ont essuyé, le tonnerre en boule a exercé ses ravages dans la paisible rue des Postes. I)<s compteurs à gaz ont été brûlés et on a dû lutter contre un commencement d’incendie.

Cristallisations électro-capillaires. — Avec une activité que nous avons déjà tu l’occasion de faire admirer à nos lecteurs, M. Becquerel, le doyen des physiciens français, continue l’élude des actions électro-capillaires. On sait que ce nom s’applique aux réactions prenant naissance dans les pores mêmes d’une membrane qui sépare deux liquides mutuellement actifs. Dans ses précédents mémoires, l’auteur s’était surtout occupé des réductions métalliques. Aujourd’hui il élurlie la formation et la cristallisation

de substances oxydées ; rien n’est changé dans l’appareil, mais il faut choisir des corps dont le contact ne développe qu’une force électro-molrice relativement faible. La plupart des oxydes métalliques ont été ainsi obtenus en petits cristaux ; 51. Becquerel cite surtout le protoxyde de manganèse dont la conservation est difficile, à cause de sa tendance à se sur-oxyiler. L’alumine cristallise très-bien et reproduit, par conséquent, le corindon naturel. En faisant réagir le plomhile de potasse sur le bichromate delà même base, on obtient du chromalo de plomb cristallisé. M. Becquerel a même préparé ainsi trois chromâtes différents dont l’un n’est pas connu en minéralogie.

Si l’on s’arrange de façon à ce que la force électromotrice soit insensible, on obtient des corps plus complexes, rappelant ceux que SI. Frémy a obtenus antérieurement , par un dispositif très-analogue. Ce qui est remarquable, dans ce cas, c’est la tendance des cristaux à prendre la forme aciculaire. On s’en rend compta en remarquant que chaque cristal commence par une membrane qui tapisse l’intérieur du pore de la membrane ; cette sorte de tube s’allonge ensuite progressivement tout en restant creux. M. Becquerel a de semblables aiguilles de sulfate de chaux qui ont plusieurs décimètres de longueur. 11 pense que le fait explique la formation dans l’organisme vivant des concrétions, calculs ou raphides, dont la structure est ou fibreuse ou en aiguilles.

Mer algérienne. — L’Assemblée nationale va être saisie d’une proposition tendant à faire accorder un crédit de 25,000 francs à l’étude du lac projeté de l’Aurès. M. de Lesseps est assuré que l’entreprise du capitaine Roudairc aura l’appui non-seulement du gouverneur de l’Algérie, mais au.*si du bey de Tunis, qui apprécie très-bien l’importance de l’entreprise, M. Le Verrier est d’avis que celle-ci doit être encouragée par tous les moyens et sans qu’on se laisse arrêter par les craintes de toute nature que ne manquent pas de répandre et d’entretenir les ennemis jurés du progrès. On se rappelle combien il y eut à lutter, lors des études relatives au canal de Suez, contre ceux qui prétendt’iit que la mer Bouge avait un niveau de 9 mètres supérieur à celui de la Méditerranée. Us en concluaient que, l’ouverture du canal ouvrait la route à une avalanche d’eau dont les effets seraient épouvantables. Tout compte fait, on a trouvé que les deux cours ont sensiblement le même niveau.

Pour la mer algérienne on a fait l’objection inverse, prétendant que le niveau de la Méditerranée difière à peine do celui du sol à inonder : il en résulte que le travail aurait simplement pour résultat un grand marais salant. Mais M. lloudaire a reconnu que la nouvelle mer aura 27 mètres de profondeur et sera conséquemment parfaitement navigable ; l’actif explorateur a pu du même coup dessiner sur la carte les rivages du futur lac. Sa longueur est de 100 lieues, sa largeur de 15. Il n’y aura qu’un très-petit nombre d’oasis submergées’, 4 nu 5 millions suffiront pour eu indemniser les propriétaires. On peut se demander quelles seront, au point de vue général, les conséquences météorologiques de cette surface d’eau substituée à la surface du désert. Sans aller ju r qu’à supposer que le climat de l’Europe en soit notablement alfecté (la nier ne donnant que 28 milliards do mètres cubes d’eau par évaporation) il faut bien reconnaître qu«, l’économie du pays lui-même sera profondément modifiée. On en a pour prouve ce qui s’est produit dans l’isthme de Suez où la pluie jadis absolument inconnue est maintenant fréquente. Il est clair qu’il pleuvra aussi sur les rives de la nouvelle mer et les 80 mètres d’épaisseur de terre végé-