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LA NATURE.

coûte 83, 9 et le matériel roulant absorbe 27 centimes. Les dépenses de personnel sont de 95, 3 et les dépenses générales ou d’administration de 13, 5. Les taxes sont évaluées à 12, 9 et l’impôt spécial à 6, 3. Les accidents éprouvés pur les voyageurs donnent lieu à une indemnité de 3, 8 et les accidents au retard de marchandises à 2, 3. Les dépenses légales, contentieux, frais d’acte du Parlement 3, 8 enfin les dépenses diverses 6, 6 ; en tout 3 fr. 23. Le nombre des milles parcourus étant de 190 millions, ce chiffre répond à une dépense totale de 620 millions de francs équivalente à la moitié environ de la recette brute. Les 620 millions restants sont distribuées aux actionnaires créanciers hypothécaires et obligataires, dont le capital s’élève à 14 500 millions, ce qui donne un intérêt moyen de 44 0/0 en nombre rond.

Le nombre des locomotives est d’environ 11 000 et celui des wagons à voyageurs ou à marchandises de 330 000, soit 30 par locomotive.


ACADÉMIE DES SCIENCES
Séance du 29 décembre 1873, — Présidence de M. de Quatrefages.

Trombes de mer. — Il paraît qu’on applique le même nom de trombes à des phénomènes qui, malgré des traits de ressemblance, diffèrent cependant profondément, quant à leurs allures et aux effets qu’ils déterminent. À côté des trombes redoutables qui accompagnent les cyclones, et dont elles sont peut-être des effets, il en existe d’autres qui contrastent avec les premiers par leur innocuité complète et par leur tranquillité. Ce sont les trombes marines, qu’on observe fréquemment par le temps le plus calme. M. le commandant Mouchez en a fait une étude complète, accompagnée de nombreux dessins, qu’il soumet aujourd’hui à l’Académie. Il résulte des faits notés par cet officier supérieur que les circonstances dont s’entoure ce phénomène sont remarquablement constantes. Comme nous l’avons dit, le temps est au calme plat ; le ciel, généralement dégagé en quelques points de l’horizon, présente en d’autres de gros nuages noirs, mamelonnés en dessus, mais nettement limités à leur partie inférieure par un plan rigoureusement horizontal. Cette limite inférieure se détache sur le bleu du ciel. Bientôt on voit se produire, sous ces nuages, une protubérance d’abord peu marquée, qui s’allonge insensiblement en restant verticale si l’air est absolument tranquille, et qui ondule un peu s’il y a une brise légère. Quand cette protubérance a atteint en longueur les trois quarts environ de l’épaisseur apparente du nuage, on voit l’eau de la mer bouillonner juste au-dessous du point où elle est située ; puis un jet d’eau s’élance verticalement de la mer pour aller la rejoindre. Ce jet d’eau ne dure pas longtemps ; et, dès qu’il a cessé, la trombe, qui semble avoir terminé son œuvre mystèrieuse, se rompt à la partie inférieure et est progressivement résorbée par le nuage noir d’où elle est sortie. Jamais on n’observe ni éclairs ni tonnerre. Un coup de canon ou le moindre vent qui s’élève suffisent pour faire évanouir le météore, qui offre, parait-il, si peu de danger, que l’auteur sollicite l’autorisation d’aller se placer au-dessous avec un baromètre.

Livres. — Plusieurs volumes sont déposés sur le bureau. Nous remarquons une Étude sur la conformation du cheval, par M. Richard (du Cantal). La notoriété que l’auteur s’est acquise depuis longtemps déjà dans cette spécialité dispense, dit le Secrétaire, de rien ajouter quant au mérite de cet ouvrage. M. Dumas signale aussi une Météorologie usuelle, par M. Paul Laurencin. Les dessins qu’on y trouve à chaque page donnent une haute idée des progrès réalisés par les procédés de la gravure. Toutefois, le secrétaire perpétuel déplore que les portraits ne soient pas à beaucoup près à la hauteur des autres images : le portrait d’Arago est extrêmement faible, et, suivant M. Dumas, il y a opportunité à signaler la négligence avec laquelle nos artistes traitent maintenant le dessin de figure, parce qu’elle est fort remarquée à l’étranger, où elle ne peut donner qu’une idée très-fausse de l’état des beaux-arts chez nous.

Passage de Vénus. — M. Puiseux lit un mémoire sur les observations à faire, le 8 décembre 1874, au moment du passage de Vénus sur le Soleil. Il entre, à cet égard, dans les plus grands détails et couvre le tableau d’équations, qu’il prend la peine de corriger à diverses reprises. Presque personne dans la salle, pas même les astronomes, ne croient devoir suivre l’auteur dans ses démonstrations. Ce qui ressort de ce travail, c’est la connaissance de certaines équations qui permettront de déterminer avec précision la distance des centres des deux astres, pourvu qu’on note tout simplement l’heure de l’observation et la position géographique de l’observateur. Ces équations contenaient 19 coefficients, ne dépendant que de l’heure du lieu, et M. Puiseux les a calculés numériquement de 5 en 5 minutes, pour tous les points du globe, à l’époque du passage.

Double élection de correspondants. — L’ordre du jour appelle l’élection à deux places de correspondants dans la section d’astronomie. M. Lockyer, de Londres, bien connu par ses belles recherches de physique solaire, est appelé à remplir la première par 35 vois contre 2, données à M. Newcomb et 1 à M. Warren de la Rue. La deuxième place, destinée à un astronome français, est donnée à M. Roche, dont les recherches Sur les atmosphères des corps célestes sont certainement connues de nos lecteurs. Le professeur de Montpellier réunit 39 suffrages. M. Tisserand en obtient 5 ; 1 voix se porte sur M. Warren de la Rue et 1 sur M. Niewcomb.

Nouvelle lecture de M. Trécul. — C’est malgré force interruptions causées par les scrutins précédents et par les observations de M. Le Verrier, mécontent de leurs résultats, ainsi que par les réclamations de M. le général Morin, et de M. Chasles, qui voulaient qu’on se formât bien vite en comité secret, que M. Trécul lit une nouvelle réponse à M. Pasteur. Disons tout de suite que jamais l’argumentation du savant micrographe n’a été plus serrée ; jamais son adversaire n’a été plus complètement acculé et enfermé dans le cercle vicieux de ses propres raisonnements. Dans ce débat, a dit à peu près M. Trécul, deux grandes questions sont agitées, celle de l’hétérogénie et celle du transformisme. On s’attendait à trouver dans les mémoires de M. Pasteur, quelque éclaircissement à leur sujet ; il n’en est rien. On y voit seulement la crainte exprimée que la doctrine du transformisme, en se généralisant, ne dispense des observations sérieuses seules profitables à la science. Or c’est justement tout le contraire qui est vrai, car il est bien plus facile de décrire comme distincts des états divers d’un même être capable de transformation que de découvrir la filiation existant entre ces divers états.

Comme nous l’avons déjà dit, M. Trécul prétend montrer que le pénicillium se transforme en peu de temps sous l’œil de l’observateur, en levure de bière ; à cela M. Pasteur se borne à répondre que son contradicteur n’a pas les habitudes qu’on acquiert dans un laboratoire de chimie, et entre dans de très-grands détails pour montrer comment on peut se mettre à l’abri des causes d’erreurs in-