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LA NATURE.

venons de signaler l’absence se montrent à des intervalles de temps très-divers.

Ainsi la bouche, apparaîtra seulement vers le 3e jour après la naissance ; l’intestin, trois jours plus tard ; les reins, la vessie urinaire, beaucoup plus tard encore.

Fig. 6. — Larve ou têtard de Macropode, âgé de près d’un mois. Les lettres indiquent les mêmes parties que dans la fig. 5 ; 1, lobes olfactifs ; 2, lobes optiques ; 3, hémisphères cérébraux ; 4, cervelet. Les grosses gouttes huileuses sont déjà considérablement réduites.

La partie centrale du squelette futur, ou corde dorsale, est d’abord toute cellulaire, puis cartilagineuse. Elle s’étend, eu avant, jusque derrière les yeux : en arrière, jusqu’à l’extrémité de la queue. Elle donnera naissance aux corps des vertèbres ; la gaine qui l’entoure produira les arcs vertébraux destinés à loger et à protéger l’encéphale et la moelle épinière, c’est-à-dire les centres nerveux.

Fig. 7. — Portion postérieure de la queue d’un embryon larvaire, âgé de huit jours ; cd, corde dorsale ; rp, rayons primitifs de la future nageoire caudale, vus à travers la nageoire embryonnaire.

Enfin, les écailles, revêtues chez l’adulte de couleurs si éclatantes et si variées, n’apparaîtront que plus tardivement encore : ce qui, du reste, est le cas ordinaire chez presque tous les poissons, L. Pœcilie de Surinam exceptée.

Les vertèbre » et les longues apophyses, supérieures et inférieures, dont elles sont munies, étaient bien formées chez un petit Macropode que nous avons observé deux mois après sa naissance ; mais les écailles ne l’étaient pas encore.

Fig. 8, 9, 10. — Nageoires pectorales à divers degrés de développement. En m, on voit la fine membrane qui réunit les rayons r, juqu’alors isolés.

D’importantes modifications, que nous ne saurions décrire sans l’aide de nombreux dessins, ont lieu soit dans la circulation, soit dans la respiration, laquelle, avant de s’opérer par des branchies, s’exécute uniquement au moyen d’un organe transitoire (la vésicule vitelline) qui disparaîtra vers le milieu du second mois.

Fig. 11. — Taches pigmentaires, ou chromoblastes, à divers degrés de développement.

Malgré les lacunes volontaires que nous signalons dans la description des phénomènes relatifs au développement de notre petit poisson chinois, ce que nous avons dit suffit, et au delà, pour démontrer la réalité des métamorphoses chez cette splendide espèce.

Et cependant, il y a quelques années à peine, les savants croyaient si peu à l’existence des métamorphoses chez les poissons, que M. de Quatrefages affirmait encore, en 1855, que ces vertébrés ne sont soumis, après leur naissance, à aucune transformation rappelant celles des reptiles batraciens, avec lesquels plusieurs d’entre eux offrent, d’ailleurs, de si grandes ressemblances d’organisation. « Le poisson, disait alors l’ingénieux auteur des Souvenirs d’un naturaliste, le poisson sort de l’œuf complètement formé[1]. »

Un an après, Auguste Müller découvrait que l’Ammocète, ou lamprillon de nos pêcheurs, n’est rien autre chose que le jeune âge, que l’embryon larvaire d’une lamproie, le sucet, ou petite lamproie de rivière (Petromyzon Planeri de Bloch).

  1. De Quatrefages, les Métamorphoses (Revue des Deux Mondes, livr. du 1er  avril 1855, p. 6 du tirage à part).