Page:La Nature, 1874, S1.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
LA NATURE.

Conservation des insectes
Fig. 1.
qu’ils sont l’œuvre de personnes souvent peu habituées au langage de la science entomologique et commettant de graves erreurs de détermination. Pour la première fois en France, l’auteur du livre actuel a cherché, en conservant l’ordre didactique des sujets, à offrir aux débutants un guide pour leurs études entomologiques et le classement de leurs collections, à présenter une esquisse de nos connaissances sur les métamorphoses et les mœurs des espèces types des principaux groupes. En outre, les agriculteurs et les industriels trouveront des indications détaillées sur les espèces qui les intéressent, et tous les moyens que la science a découverts comme remèdes à de véritables fléaux. Le premier volume du traité paru cette année commence par une introduction à l’entomologie, beaucoup plus courte que les ouvrages célèbres de Lacordaire et de M. Westwood, mais qui, n’entrant pas dans leurs minutieux détails, est une véritable introduction, n’exigeant aucune connaissance préalable de la classification. Ce sont des considérations d’anatomie et de physiologie générales.

On y trouve, entre autres sujets, un résumé des recherches personnelles de l’auteur sur la chaleur propre des insectes, et la découverte de cette loi que, chez les adultes, la chaleur se localise dans le thorax en raison directe de l’énergie du vol.

élevage des larves
Fig. 2.
La chasse aux insectes, en France, aux diverses époques de l’année, le moyen d’établir les collections et de conserver leurs sujets si fragiles et si altérables forment un guide pour l’amateur qui débute. On y trouve ainsi l’exposition des méthodes d’étalage sur une planchette à rainures, de façon à bien disposer les antennes et les pattes et à faire sécher les ailes perpendiculairement au corps, pressées sous des bandes de papier opaque ou transparent (fig. 1). Ces préparatifs sont indispensables si on veut que les insectes en collection montrent tous leurs caractères bien apparents, et offrent un attrayant coup d’œil. Les moyens d’élever les larves et les chenilles, dans des pots remplis de terre, sous des couvercles de gaze ou de toile métallique (fig. 2), ont aussi un grand intérêt pour les collectionneurs, afin d’obtenir des sujets d’éclosion, car les individus capturés au vol ont souvent leurs couleurs ternies, et leurs ailes délicates déchirées, éraillées sur les bordures.

La plus grande partie du premier volume est consacrée à l’ordre immense des coléoptères, le plus recherché des amateurs, en raison surtout de la plus facile conservation. Les découvertes modernes y trouvent leur mention, en même temps que les espèces les plus communes, par lesquelles on débute d’une façon nécessaire, sont décrites en peu de mots, mais de manière à être aisément reconnues et nommées. L’étude des coléoptères souterrains des cavernes ajoute un charme puissant aux excursions des touristes dans les montagnes. Rien de plus curieux que ces êtres hypogés, sans ailes, tous de couleur fauve, tantôt aveugles, tantôt munis d’yeux plus ou moins parfaits, et, cela, paraît-il, en raison du degré d’éclairement de leurs retraites, l’organe apparaissant quand son emploi devient nécessaire. Les érudits retrouveront avec plaisir tous les anciens récits sur les scarabées sacrés des Égyptiens, roulant les boules qui contiennent leurs œufs, où les anciens retrouvaient l’image vivante des mouvements du globe terrestre. Une recherche plus utile initie les cultivateurs aux métamorphoses des hannetons, et aux ressources fondées sur l’observation des mœurs qu’offre la science pour diminuer les ravages de leurs terribles larves. Les espèces funestes des charançons sont également le sujet d’un examen de détail, et le livre traite in extenso les moyens de préserver nos céréales contre la calandre, par les tarares, les