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LA NATURE.

probable à l’aide des observations météorologiques provenant, par voie télégraphique, des diverses parties du pays. Dans la discussion de ces données au Bureau central, on procédait d’abord empiriquement et les résultats n’offraient pas une grande certitude, mais l’idée de la télégraphie du temps était très-féconde et devait aboutir au service important qui se généralise aujourd’hui en Europe et dans l’Amérique du Nord.

« Les considérations dynamiques déduites des faits statiques, dit l’amiral dans le Livre du temps, ont une grande importance, mais pour obtenir une approximation suffisante avec la célérité nécessaire, il faut une grande aptitude, beaucoup d’expérience et une sérieuse attention.

« À ceux qui nous objectent que nos prévisions ne se réalisent pas toujours dans toutes les localités d’une même région, nous répondrons que comme nos signaux de tempêtes, qui en sont les résultats, nos prévisions n’ont qu’un caractère général ; elles avertissent seulement qu’une perturbation générale et non locale va probablement se manifester dans la partie de l’atmosphère qui enveloppe nos îles.

« Nos déductions pourront être incorrectes et nos jugements erronés ; mais il est certain que les lois de la nature et les signes mis à la portée de l’homme sont invariablement exacts. C’est la rectitude de l’interprétation qui fait défaut.

« Les principaux caractères des deux grandes divisions du vent sont bien connus de tout homme de mer. Le marin ne tient pas à calculer à deux ou trois quarts près les changements ou combinaisons intermédiaires. Ce qu’il demande, c’est de savoir d’une manière générale de quel côté, nord ou sud, surgira la tempête qui doit l’assaillir. Certes il serait désirable de pouvoir préciser l’heure où un coup de vent doit se faire sentir, mais l’insuffisance de nos connaissances météorologiques ne nous permet pas de la déterminer et nous ne pouvons qu’y suppléer en indiquant les circonstances dans lesquelles on doit redoubler de précaution.

« Faut-il, pourra-t-on dire, que les bâtiments restent dans un port pour éviter une tempête qui peut, après tout, ne pas avoir lieu ? faut-il que les caboteurs et les pêcheurs demeurent inactifs et laissent peut-être échapper une occasion favorable ? Nullement. Les signaux ne sont qu’un avertissement ; ils signifient uniquement : « Veillez. » — « Soyez sur vos gardes. » — « Attention aux baromètres et aux signes du temps. »

« Peut-être nos caboteurs préfèrent-ils le risque d’un coup de vent à la perte pécuniaire qu’entraîne un séjour inutile d’un ou deux jours dans le port ; mais pour les navires destinés à faire un long voyage la question est toute différente ; une tempête dans la Manche peu après le départ ne pourrait manquer de leur causer de graves embarras. »

Les informations dont le bureau météorologique disposait alors étaient trop restreintes, et la méthode employée tenait trop à ce qu’on peut appeler la divination pour que ses prévisions pussent être étendues à deux jours et plus ; aussi, à la suite de critiques assez justes, on dut rentrer, comme nous le montrerons plus tard, dans de plus étroites limites.

Pour ajouter à l’utilité des dispositions que nous venons d’indiquer, l’amiral imagina un système de signaux de jour et de nuit, formés par des cylindres et des cônes ou bien de fanaux diversement combinés, qui étaient hissés dans les ports au haut d’un mât pour avertir les marins de l’approche des tempêtes ou du moins de l’existence d’un état dangereux du temps.

M. Le Verrier, directeur de l’Observatoire de Paris, appliquait à la même époque le télégraphe à la concentration des observations météorologiques et aux avertissements à donner aux régions menacées par les perturbations de l’atmosphère. Il avait fondé un Bulletin international recevant, à l’aide du réseau européen, les observations d’un nombre de stations progressivement porté à 70 et publiant les cartes synoptiques qu’on eu déduisait. De fécondes relations s’établirent entre les centres de Paris et de Londres pour développer le nouveau champ de recherches. Mais au milieu de ces intéressants travaux, auxquels il prenait part avec une activité toute juvénile, l’amiral Fitz-Roy mourut, vivement regretté par ses nombreux amis, par le monde savant et par les populations des côtes anglaises, qui lui étaient redevables, comme on l’a vu, de très-utiles institutions.

Nous exposerons, dans un prochain article, les améliorations apportées, après sa mort, au Bureau météorologique de Londres, en résumant les excellents travaux de ce bureau jusqu’à l’époque actuelle.

F. Zurcher.

— La suite prochainement. —


PUBLICATIONS NOUVELLES

Traité élémentaire d’entomologie, par M. Maurice Girard, docteur ès sciences naturelles, ancien président de la Société entomologique de France. — Paris, J.-B. Baillière et fils ; 1873.

Il existe en France un assez grand nombre d’ouvrages sur l’entomologie ou étude spéciale des animaux articulés, mais les uns s’occupent uniquement des caractères de classification, et sont surtout destinés aux collectionneurs, d’autres présentent l’histoire si intéressante des mœurs des insectes et de leurs métamorphoses, enfin beaucoup de mémoires et notes sont consacrés aux espèces utiles ou nuisibles, et donnent des recettes contre les dévastations qui causent un si grave préjudice à l’agriculture, à la conservation des matières premières, des produits alimentaires ou manufacturés réunis en magasin.

Beaucoup de ces importants travaux sont comme perdus dans des recueils périodiques, parfois à peine connus, de publicité insuffisante, et il arrive souvent