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LA NATURE.

était condamné aux galères s’il s’avisait de tuer ces oiseaux ; aussi lorsque l’heure de la délivrance eut sonné pour la France, on fit une Saint-Barthélemi des pigeons. La plupart des 42 000 colombiers féodaux furent détruits à la suite de la nuit du 4 août, et des millions de pigeons furent massacrés. On ignorait alors que leurs maîtres seraient eux aussi menés à la mort !

Cependant c’est à la Révolution française que l’on doit de connaître la manière d’élever les pigeons voyageurs dont le merveilleux instinct avait été oublié à l’époque de la grande prospérité des colombiers. L’auteur qui révéla cette étonnante faculté était un Syrien nommé Michel Sabbagh, venu à Paris à la suite de l’armée d’Égypte et vivant à la Bibliothèque nationale, où on l’employait à copier des manuscrits arabes. Plus tard il fut employé comme correcteur à l’Imprimerie impériale. Il composa un petit volume intitulé la Colombe messagère plus prompte que l’éclair, qui parut en arabe vers 1805, avec une traduction de Sylvestre de Sacy.

Le pigeon voyageur au vol.

L’influence de cette publication remarquable fut longue à se faire sentir. C’est vers 1820 que les premiers clubs colombophiles furent formés en Belgique et après 1830 qu’ils acquirent tout leur développement. Le peuple belge fit de l’élève de ses pigeons une grande affaire nationale, pendant que les Hollandais, par un singulier contraste, cherchaient à ressusciter l’art également oublié, également intéressant, de la fauconnerie.

À deux reprises différentes, les pigeons voyageurs belges eurent de l’influence sur notre législation