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LA NATURE.

vices établissent sa réputation de praticien et de savant. Ce sont : les Recherches expérimentales sur les locomotives, en collaboration avec M. Ernest Gouin ; la monographie des Chemins de fer de l’Allemagne ; des études sur la Stabilité des locomotives, et le Guide du mécanicien constructeur, auquel il travaille avec MM. Flachat, Petiet et Polonceau.

Lorsque, après 1852, MM. E. et J. Pereire apportent l’ardente initiative du Crédit mobilier à la création de vastes entreprises industrielles, ils s’associent Le Chatelier pour les organiser sous le rapport technique. Dès 1855, ils l’appellent au comité du Midi avec MM. Clapeyron et Flachat, et à celui des Chemins autrichiens avec M. Maniel. Plus tard il devient conseil, avec M. Sauvage, de la Grande société des Chemins de fer russes, conseil et directeur des chemins du Nord de l’Espagne, administrateur de la Compagnie générale transatlantique. Les types de matériel arrêtés d’abord avec M. Petiet au nord de la France, sont tour à tour perfectionnés pour ces nouvelles voies. Les affaires les plus considérables, chemins de fer, canaux, sondages, houillères, mines métalliques, etc., sont soumises à Le Chatelier et réclament ses avis.

Il ne cesse pas toutefois de servir l’État, aux commissions des chemins de fer, des machines à vapeur ; au comité des arts et manufactures ; aux expositions universelles. Il livre au conseil municipal de Paris un projet complet pour l’alimentation des eaux potables, puis pour l’épuration des eaux d’égout. Avec son ami, M. Henri Sainte-Claire Deville, il développe la fabrication et les applications du nouveau métal l’aluminium, fait des recherches sur les aluminates et les fluosilicates, et dote l’industrie métallurgique de la bauxite pour les parois et soles réfractaires. Avec M. Siemens, il poursuit le traitement direct des minerais pour la fabrication du fer et de l’acier. En agriculture, il sollicite l’emploi des engrais salins, des phosphates, des cendres de houille, et paye d’exemple pour la mise en culture des Landes. Enfin, il abandonne aux chemins de fer sa remarquable invention de l’emploi de la contre-vapeur, pour laquelle l’Exposition de Vienne lui décerne le diplôme d’honneur du groupe mécanique.

Une telle carrière de travail est un exemple pour tous. Le pays perd en M. Le Chatelier le dernier survivant d’une brillante pléiade d’ingénieurs, frappés l’un après l’autre depuis la guerre néfaste de 1870 : MM. Petiet, Maniel, Sauvage, Flachat, Audibert, qui avaient avec MM. Clapeyron et Polonceau organisé en France les chemins de fer et dirigé les plus importants travaux de notre époque.


NOTE SUR LA COMÈTE IV DE 1873

La comète IV de 1873, découverte le 23 août, à l’Observatoire de Paris, s’est distinguée des autres comètes télescopiques par ses changements de forme, l’accroissement rapide de sa queue et aussi par son éclat, qui l’a rendue visible à l’œil nu quelque temps avant son passage au périhélie.

Grâce à ce concours favorable de circonstances, les observations du nouvel astre pourront jeter quelque lumière sur la constitution jusqu’ici peu connue des comètes.

Le jour de sa découverte, la comète se présentait dans le télescope comme une nébulosité ronde, fortement condensée au centre et sans trace sensible de queue ; son diamètre apparent était de 4′ environ. On la voyait, dans une lunette de 1 centimètre d’ouverture, comme une étoile de 7e grandeur.

Cet aspect a peu varié jusqu’au 26 août. À cette date, on commença à apercevoir un rudiment de queue ; la tête devenait légèrement elliptique et son diamètre atteignait 6′.

Le 29 août, la queue, directement opposée au soleil, avait déjà 20′ de longueur ; elle formait avec le méridien passant par son noyau un angle de 41°. A partir de cette époque, sa longueur n’a pas cessé de s’accroître : le 2 septembre, elle avait atteint . Quant au noyau, ses dimensions restaient à peu près constantes, bien que son éclat augmentât rapidement ; il était comparable, le 10 septembre, à une étoile de 4e grandeur.

La tête de la comète, examinée avec un grossissement de 200 fois, paraît composée de 3 enveloppes et d’un noyau. Le noyau n’est pas au centre ; il est situé un peu vers le sommet. De la masse de lumière qui l’entoure s’échappe un filet lumineux très-étroit et qui paraît donner naissance à la queue. Ce filet très-brillant à son origine, s’affaiblit graduellement à mesure qu’il s’éloigne de son point de départ.

On se rendra facilement compte des changements qu’a éprouvés la comète en jetant les yeux sur les figures ci-jointes.

La comète a pu être encore aperçue le 15 septembre, vers 4 h. du matin, mais sa hauteur trop faible s’opposait à des observations, qu’auraient gênées d’ailleurs les premières lueurs du jour. On a cependant pu constater que la forme du noyau était sensiblement la même que le 12 et que son éclat était considérablement augmenté. En effet, il était encore possible de distinguer la comète, alors que les étoiles de 4e grandeur n’étaient déjà plus visibles.

On a fait différentes études spectroscopiques de cet astre pendant la période de son plus grand éclat.

Il résulte des observations de MM. André et Rayet, astronomes à l’Observatoire de Paris, et celles de M. Plummer (de l’Observatoire de Durham), que le spectre de la comète était composé de 3 bandes brillantes bien distinctes. La première, dans le jaune, à peu près entre D et E ; la deuxième, dans le vert, coïncidait presque avec la ligne b ; la troisième, dans le bleu, au delà de F. On a constaté qu’il n’y avait pas traces de spectre continu dans l’intervalle des lignes lumineuses.

La bande du vert était beaucoup plus lumineuse que les deux autres. Les lignes du jaune et du bleu