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LA NATURE.

verte d’un moyen scientifique d’arriver au même résultat. L’importance du prix de 25 000 francs avait tenté bien des gens de toutes classes, de toutes conditions ; aussi l’Académie a-t-elle reçu 102 mémoires, sans compter ceux qui lui sont parvenus après l’expiration des délais réglementaires. Sur ces 102 mémoires, 32 seulement ont été juges dignes d’un examen sérieux, et M. Devergie rend compte, avec critiques et réflexions à l’appui, des différents moyens proposés par les auteurs de ces mémoires. Personne n’a gagné le fameux prix de 25 000 francs. Ce prix retournera donc à la famille, suivant les volontés du testateur. Quant au prix de 5 000 francs, il est plus que probable qu’il sera partagé entre différents concurrents qui ont présenté des mémoires intéressants.

Tout le monde comprendra l’importance de cette grande question. On sait que, dans certains cas de léthargie, un homme peut paraître mort, sans que la vie l’ait cependant abandonné. Il y a malheureusement des cas nombreux de personnes enterrées vives. L’idée seule d’un effroyable réveil, dans une bière, enfouie en terre, donne le frisson. Celui qui gagnera le prix du marquis d’Ourches sera un véritable bienfaiteur de l’humanité.

Les lièvres de Patagonie. — Le Jardin d’acclimatation a fait récemment l’acquisition de maras ou lièvres de Patagonie. C’est la seconde fois qu’il reçoit cette espèce. Le couple qu’il possédait avant la guerre a succombé pendant l’hiver de 1870. Le mara est une utile conquête à tenter, car il est de grande taille, sa chair est abondante et de bon goût. Si on réussit à le faire multiplier en Europe, ce sera un gibier de parc très-intéressant. Les nouveaux pensionnaires du Jardin d’acclimatation ont creusé un terrier qui met en communication l’intérieur de l’abri qui a été mis à leur disposition avec l’extérieur. Ils préfèrent ce chemin voûté par leurs soins à la porte qui leur avait été faite. Les maras sont doux et inoffensifs ; ils passent la plus grande partie du jour assis sur leur derrière ou couchés.

À ce propos, il est bon de faire remarquer combien leur allure et leur port diffèrent de ceux des lièvres, auxquels leur nom de lièvres de Patagonie tend à les assimiler. Au pas, au trot et au galop, les maras ont beaucoup plus l’allure de cerfs que de rongeurs.


CORRESPONDANCE

« Monsieur le rédacteur,

La lecture de l’article analytique que vous avez publié sur The Depths of the Sea, de M. Wyville Thompson, m’amène à faire une réclamation en faveur de la science française et des Fonds de la mer nationaux.

M. Thompson est dans le vrai, lorsqu’il constate que le lit de l’Océan n’est pas toujours calcaire, mais son étonnement eût été moins vif s’il eût connu nos modestes essais. Voici, en effet, ce que j’écrivais en 1869, page 198 du tome 1er  des Fonds de la mer.

« Pour la cinquième ou la sixième fois, depuis le commencement de nos recherches, nous rencontrons un dépôt privé de calcaire. Le premier exemple de ce genre nous fut fourni par un sable argileux des îles du Salut, près de la Guyane française ; le second, par un spécimen vaseux, pris au banc d’Organabo, dans les mêmes parages. Ces points n’ayant encore donné aucun animal inconnu, nous ne nous étions plus occupés d’eux, et nous avions songé à attribuer l’étrangeté de cette absence de chaux et de carbonates à l’action des grands courants d’eau douce, descendant des rivières continentales. Est-ce là la véritable cause, et existe-t-elle à Halt-Bay, de même que pour les îles du Salut, le banc d’Organabo, divers points de la côte d’Afrique, à l’entrée du Rio-Pongo ? »

J’ajoute que les fonds, exempts de calcaire, se retrouvent partout, dans le détroit de Magellan comme sur les côtes d’Islande, près des côtes de la Guyane comme aux abords du Sénégal. Il n’est donc pas étonnant qu’il en existe aussi au milieu de l’Atlantique.

Veuillez agréer, etc. »

« L. Périer. »

« Pauillac (Gironde), décembre 1873. »

Nous accueillons avec le plus grand plaisir l’observation que nous adresse un des fondateurs de la belle publication française, intitulée les Fonds de la mer, et dont nous avons précédemment parlé. (Voy. table de la première année.)


BIBLIOGRAPHIE

Traité pratique du chauffage, de la ventilation et de la distribution des eaux dans les habitations particulières, par Ch. Joly. — Paris, J. Baudry, 1875.

La deuxième édition de cet ouvrage utile et intéressant vient de paraître. L’auteur, après avoir esquissé quelques notions indispensables sur l’eau, l’air, la chaleur, passe en revue les différents systèmes d’approvisionnement des eaux, des citernes, sources artificielles, réservoirs, etc. Il parle en détail des bains, et des moyens de chauffage usités dans les pays civilisés. Le chauffage et la ventilation forment les autres parties du livre, dans lequel un grand nombre de figures ont été exécutées avec beaucoup d’exactitude. L’ouvrage de M. Ch. Joly est une œuvre très-complète, très-laborieuse, destinée à rendre de réels services aux architectes, aux entrepreneurs et aux propriétaires.

Notes et réflexions sur l’ozone, par le docteur Giuseppe Bellucci, 1 vol. in-18, en langue italienne. — Prata.

Ce travail du savant professeur de l’Université de Pérouse est certainement un des plus complets qui aient été écrits sur l’importante question de l’ozone. — Les chimistes y liront avec intérêt des détails nombreux sur les propriétés organoleptiques, physiques et chimiques de l’ozone, sur son rôle d’agent désinfectant, sur son mode de production, et enfin sur sa nature au point de vue théorique.

Les Sciences usuelles et leurs applications mises à la portée de tous, par le capitaine de frégate Louis du Temple. 1 vol. in-8o illustré. — J. Hetzel et Cie, Paris.

Ce livre est certainement un de ceux où les démonstrations scientifiques sont le mieux mises à la portée de tous. Son caractère est une remarquable clarté ; rien n’y est inutile, rien n’y est obscur. Se faire bien comprendre est un grand art ; nous félicitons M. du Temple de le posséder si bien.


Erratum. — Page 38, colonne 2, ligne 31, au lieu de : comme un disque de deux centimètres, lisez : comme un disque de dix centimètres.



Le Propriétaire-gérant. G. Tissandier.

Corbeil. — Typ. et stér. de Crété.