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LA NATURE.

points dans la Haute-Garonne et dans l’Ariège, avec fossiles marins (Leymerie). C’est à M. Leymerie qu’est due la découverte de ce terrain auquel il a donné le nom de Garumnien, G. Depuis lors, divers géologues ont signalé ce même niveau géologique dans le bas Languedoc et en Provence. Je l’ai retrouvé moi-même sur la côte nord du golfe de Gênes, en allant de Nice vers Menton, Vintimille, etc. C’est dans un calcaire appartenant à cet étage que sont creusées les grottes de Menton. L’inclinaison et le plongement de ce terrain sont les mêmes que pour les étages précédents.

7° À la suite apparaissent : 1° des calcaires jaunâtres, auxquels succèdent : 2° des grès contenant des lits de lignite, et plus loin 3° des grès fossilifères (hippurites, caprines, cyclolithes, etc.) alternant avec des couches argileuses qui reposent sur un énorme conglomérat formant la base de tout cet ensemble. Les deux membres supérieurs de ce terrain sont rapportés, grâce à leurs fossiles (ostrea vesicularis, etc., ananchites ovala, etc.) à la craie de Maestricht et à l’étage sénonien C3. — Les deux membres inférieurs constituent également, grâce à leurs fossiles, le terrain turonien et le cénomanien. C2. — Le plongement de ces terrains se fait au nord.

8° Après avoir traversé la petite plaine de Vernajoul, — dont une moraine plus récente que la moraine D. G. cache les terrains C2, — on arrive au pied d’un grand monticule calcaire, appelé le pic de Saint-Sauveur, constitué par le terrain crétacé inférieur C1, calcaire lithographique avec fossiles (nérinées, belemnites, ammonites, terebratula sella, cidaris Pyrenaica, etc.), et par le terrain Jurassique J. (ammonites radians, belemnites sulcatus, terebratula perovalis, etc.). Le trias T. est visible très-près, de ce point. Le terrain Jurassique commençant par une brèche calcaire énorme repose sur le trias. Cet ensemble forme une sorte de voûte brisée vers le nord, ainsi que le représente la coupe.

9° Une faille fait apparaître brusquement le granite au sud du pic Saint-Sauveur et de la ville de Foix. Le granit se poursuit jusqu’à Tarascon, et partout on trouve, à Ferrières, à Amplaing, à Mercus, à Bonpas, etc., des roches stratifiées (calcaires, schistes et micaschistes), alternant avec le granité. Il faut ranger cet ensemble dans le terrain Laurentien avec fossiles (Eozoon Canadense, trouvée à Mercus). — À Bonpas, l’on rencontre une nouvelle moraine plus récente que les précédentes.

10° À Tarascon, apparaissent les terrains de transition S. D. fossilifères (ortis, orthocères, etc.), surmontés par des gypses et des ophites au-dessus de Quié, O. — Le calcaire crétacé inférieur fossilifère repose sur cet ensemble et renferme des grottes supérieures G1, habitées par l’homme à l’époque de l’ours, et des grottes inférieures G2, habitées par l’homme à l’époque du renne (pierre taillée), et aussi pendant les âges préhistoriques de la pierre polie, du bronze et du fer (vallée de Niaux).

11° Le terrain Laurentien apparaît de nouveau jusqu’au village de Cabre (près Vic-de-Sos).

12° Une faille a mis en ce point en contact le granite avec toute la série inférieure des terrains, et ceux-ci, par suite de ce grand accident stratigraphique, se trouvent complètement renversés. On trouve à la base, en effet, un niveau de calcaires marmoréens blancs, avec dipires, couzeranite, amphibole, etc., semblables au calcaire carbonifère et à fossiles de Gabas, d’Ossau et d’Aspe. En remontant, l’on rencontre les calcaires dévoniens avec minerai de fer (Rancié), puis le silurien supérieur et inférieur avec ardoises, puis enfin les granites laurentiens. Sur cet ensemble repose à Sem un lambeau de terrain jurrassique (lias).

On le voit donc, en remontant la vallée de l’Ariège, on trouve la série complète de tous les terrains.

Dr F. Garrigou.

CHRONIQUE

Nouvelles expériences spectroscopiques. — M. Norman Lockyer vient de publier, en Angleterre, dans le nouveau volume des Transactions philosophiques, un mémoire sur l’influence que la pression exerce dans la modification des raies brillantes du spectre de métaux ou dans l’inversion qu’elles produisent sur le spectre de la lumière qui les traverse. Notre savant confrère a trouvé que les résultats découverts sur quelques cas particuliers par MM. Frankland et Norman Lockyer doivent être généralisés, et que la diminution de pression a pour effet de réduire proportionnellement toutes les lignes brillantes du spectre direct et toutes les lignes noires du spectre interrompu. Les plus longues diminuent de longueur, mais sauf les dernières, qui disparaissent. Les expériences ont été faites à l’aide de la lumière électrique, moyen simple d’obtenir les raies brillantes des métaux incandescents.

Les sondages de l’océan Pacifique. — Un navire de la marine des États-Unis, le Tuscarora, a été frété par le gouvernement américain, pour relever les niveaux de l’océan Pacifique, afin de déterminer la direction la plus favorable d’un câble télégraphique sous-marin entre l’Amérique et l’Asie. Les membres de l’expédition ont déjà obtenu des résultats importants ; ils ont exploré le Pacifique jusqu’à 1 000 milles du cap Flattery, sur le territoire de Washington. Le fond de l’océan Pacifique diffère sensiblement de celui de l’Atlantique ; il paraît être plus tourmenté, plus irrégulier, rempli de vallons et de proéminences. La plus grande profondeur où la sonde ait pu parvenir est de 15 204 pieds anglais, près de 3 000 de plus que celle de l’Atlantique sur la route des câbles. Le sol du Pacifique consiste en une vase bleue noirâtre, mélangée de gravier et de coquillages.

Les œufs du Yama-maï. — La plus grande des difficultés qui retardent, en France, l’introduction de l’Attacus Yama-maï du Japon, l’espèce séricigène la plus précieuse après le ver à soie du mûrier, c’est l’éclosion hâtive des œufs avant l’apparition des feuilles de chêne. M. de Saulcy, à Metz, redoute beaucoup cette chance funeste pour ses persévérants élevages, et, cette année même, le manque de nourriture a détruit, dès leur début,