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LA NATURE.

goût de la science, et qui inspirent au jeune lecteur le désir de connaître et d’apprendre.

Au lieu de dénigrer systématiquement les œuvres d’un tel écrivain, applaudissons au contraire à leur succès légitime, car quoi qu’on puisse dire, elles sont utiles et contribuent à répandre des notions substantielles et salutaires.

Les Merveilles de l’industrie sont fécondes en surprises et en attraits. Les fabriques de porcelaines, de faïences, les verreries, les cristalleries, les usines de produits chimiques, passent successivement sous les yeux du lecteur, qui rencontre partout des sujets d’admiration, entremêlés de récits curieux et intéressants. — Les gravures ci-contre reproduisent deux fabriques de savons ; la première de savon commun, la seconde de savon de toilette. L’auteur a l’excellente habitude de faire l’historique des questions qu’il étudie ; cela donne beaucoup de relief, aux faits contemporains. À propos des savons, sujet que nous avons choisi à peu près au hasard dans l’œuvre nouvelle, M. Figuier nous raconte l’origine des célèbres savonneries de Marseille, qui ont été créées en France pendant l’administration du grand Colbert, et qui sont devenues une véritable source de richesses pour notre pays.

Fabrication du savon de suif dans une usine des environs de Paris.
(Opérations de la coction du savon et du coulage dans les mises.)

Voici une anecdote plus récente, qui nous a paru originale :

« C’était en 1814, à la première rentrée des Bourbons. Le comte d’Artois venait d’arriver à Marseille, et y avait trouvé l’accueil le plus enthousiaste et le plus bruyant. On le promenait de fête en fête au milieu des acclamations de la foule et des harangues de l’autorité. Au nombre des curiosités locales et comme preuve d’intérêt vis-à-vis d’une grande industrie, il avait été décidé que Son Altesse Royale honorerait de sa visite une de nos principales fabriques de savon. C’était, il m’en souvient, celle de M. Payen, située sur les hauteurs de la vieille ville, et qui avait été improvisée et décorée pour la circonstance. Les ouvriers y étaient à leur poste, en habit de travail, les contre-maîtres aussi ; on devait donner au prince le spectacle d’une fabrication en miniature. Elle eut lieu en effet, et qu’en sortit-il ? Un buste de Louis XVIII en savon, d’une blancheur transparente, et sur le socle duquel on pouvait lire cette inscription :

« Il efface toutes les taches. »

Pour préparer le savon de suif, on coupe le suif en morceaux et on en introduit environ 900 kilogrammes dans une chaudière en fer battu. On verse dans cette chaudière 400 à 450 litres de lessive caustique faible (lessive de sel de soude à 10°), et l’on a