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LA NATURE.

Sur ces 24 ouragans, 17 tombent vers les périodes de maxima des taches solaires et seulement 7, aux périodes de minima, comme on peut le voir :

ANNÉES DE MAXIMA ANNÉES DE MINIMA
1760 1 1731 1
1771 3 1754 1
1772 1766 1
1773 1826 2
1786 1 1834 1
1806 3 1844 1
1807 7
1815
1818 4
1819
1828 2
1829
1836 1
1848 2
1850
17

Cette table chronologique est extraite de l’Almanach de l’île Maurice pour 1869. Elle contient en outre les remarques suivantes : 1er décembre 1760, phénomènes météorologiques ; 5 février 1815 idem. Etaient-ce des aurores boréales ?

L’histoire de l’île Maurice rapporte, d’autre part, qu’il n’y a pas eu d’ouragans de 1789 à 1801. Or, la table des taches solaires montre que les années 1788 et 1804 étaient des années de maxima et que le minimum arriva en 1798.


LES ABEILLES
travaillant sur commande.

On ne saurait imaginer à quel degré les apiculteurs intelligents savent se faire obéir des abeilles, à condition de respecter avec soin les instincts de ces insectes, si farouches d’ordinaire quand on les aborde sans précaution. Un curieux exemple en ce genre a été récemment présenté par un des premiers lauréats de la Société d’horticulture des arrondissements de Melun et de Fontainebleau, à la suite de sa 23e Exposition qui a eu lieu cette année, en septembre, dans la petite ville de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne) sous l’habile direction de son secrétaire, M. Camille Bernardin. Dans un village voisin, déjà célèbre par les poulaillers roulants de M. Giot, à Chevry-Cossigny, se trouve un rucher, au milieu d’une vaste prairie arrosée d’un cours d’eau. Il appartient à M. Lance, le lauréat dont nous venons de parler. Après plusieurs années de continuels perfectionnements, cet apiculteur est parvenu à réaliser les meilleures ruches, à la fois d’observation et de produit. En reprenant une méthode déjà expérimentée par plusieurs personnes, et qui dérive de l’emploi de la ruche à cadres, M. Lance introduit, dans le haut de ses ruches, des boites vitrées rectangulaires, où les abeilles construisent leurs gâteaux dans le sens longitudinal. L’instinct de ces insectes les porte à remplir toujours de leurs rayons la portion la plus élevée de la cavité, naturelle ou artificielle, qu’ils ont adoptée pour la nidification. En retirant ces boîtes, à diverses époques, on peut observer les cellules à miel, les cellules à propolis, le couvain, etc. Si on les place au moment où s’ouvrent autour du rucher certaines fleurs, on peut véritablement commander aux dociles abeilles du miel à tel ou tel parfum. A l’Exposition de Brie, se trouvait du miel de sainfoin et de luzerne, un des meilleurs qu’on puisse produire. Toute la question est de placer et d’enlever la boîte en temps voulu. Ces boites, revêtues ensuite à l’extérieur de petites vignettes coloriés et d’ornements, forment un élégant plat de dessert. M. Lance s’est amusé à intriguer singulièrement les paysans apiculteurs de la localité, et même diverses personnes instruites, en leur présentant un miel très-blanc et de bel aspect, mais d’un mauvais goût qu’ils ne savaient s’expliquer. Cela provenait d’une récolte faite au moment précis où fleurissaient près du rucher de nombreuses camomilles. On pourra certainement obtenir des miels thérapeutiques, qui pourront servir à édulcorer tel ou tel médicament, et, quand on voudra, on fera faire aux abeilles des miels vénéneux ; les voyageurs font souvent mention de ces miels. Ainsi le botaniste Auguste Saint-Hilaire fut malade au Brésil pour avoir mangé imprudemment du miel sauvage. M. Lance vient d’obtenir l’autorisation d’établir à Fontainebleau un rucher d’expériences, suivant ses procédés, et ce sera un agrément de plus pour les touristes.


LES MERVEILLES DE L’INDUSTRIE
Par M. Louis Figuier[1].

L’infatigable vulgarisateur, qui a déjà publié tant de livres, sur toutes les branches de la science, vient de faire paraître le premier volume d’une grande publication qui fait suite en quelque sorte aux Merveilles de la science. M. Louis Figuier a le don de trouver les sujets attrayants, de les exposer d’une façon agréable, claire, intelligible, et de les orner d’un incomparable luxe d’illustrations. Les ouvrages de M. Figuier ont été quelquefois l’objet de critiques acerbes ; mais nous ne partageons pas l’opinion de ces juges sévères, qui examinent tout à la loupe et qui semblent prendre un malin plaisir à dévoiler les plus petites imperfections et les moindres erreurs. Notre opinion sincère sur l’auteur de ces innombrables œuvres de science vulgarisée, c’est qu’il est digne des plus grands éloges de la part de tous ceux qui se soucient des bienfaits de l’instruction. C’est par douzaines que M. Figuier a jetés entre les mains de la jeunesse, des livres attrayants et essentiellement instructifs, des ouvrages qui donnent le

  1. 1 vol. grand in-8o illustré. — Furne, Jouvet et Cie, Paris.